Violences conjugales : un accueil de jour en projet à Vire, dans le Calvados
En 2018, l’association viroise (Calvados) L’Étape souhaite ouvrir un accueil de jour destinée à accueillir les femmes victimes de violences conjugales.
Si l’association L’Étape a pour mission première l’aide à la recherche d’emploi et l’accompagnement social, d’autres activités sont venues compléter sa mission initiale : l’égalité entre les hommes et les femmes, notamment professionnelle, l’aide à la création d’activités et la mobilité géographique. Dans le cadre du Plan Régional pour l’égalité entre les femmes et les hommes, à Vire, c’est l’association L’Étape qui coordonne le dispositif d’accompagnement de femmes victimes de violences conjugales dans l’agglomération de Vire-Normandie par un accueil, une écoute, une orientation. Et ce, depuis 2007. L’association propose également un hébergement d’urgence.
De par sa configuration, son rôle et ses missions, L’Étape est une structure unique dans la région. Si l’association est connue pour ses nombreuses actions qu’elle mène en faveur de l’égalité professionnelle entre les femmes et les hommes, elle se les applique également en interne. L’Étape a d’ailleurs été la première association de France à recevoir, en 2006, le Label « Égalité professionnelle ». « On était entouré de grosses boîtes comme Airbus, PSA, Orange… », se souvient Olga de Saint-Jore, chargée de mission pour l’égalité entre les femmes et les hommes.
Des réalités encore méconnues
Une trentaine de femmes franchissent chaque année la porte de L’Étape. « Et une douzaine par téléphone. » Dans le cadre de violence intrafamiliales, qu’elles soient conjugales ou un cas de figure dont on parle beaucoup moins mais qui existe pourtant : celui des femmes battues par leurs fils, « des hommes de 35/40 ans, qui vivent chez leur mère. Souvent, le père n’est plus présent au sein du domicile. Il y a la culpabilité de dénoncer son fils… », souligne Olga de Saint-Jore qui peut être également amenée à côtoyer une autre réalité, encore par trop taboue, celle des hommes battus par leurs femmes. « Il faut avoir le courage de se l’avouer, c’est une atteinte à la virilité pour eux. » Environ 150 000 hommes ont été victimes de violences au sein de leur couple en 2012 et 2013, selon l’Observatoire national de la délinquance et des réponses pénales.
Le projet
Le projet de cette année est de créer un accueil de jour pour les femmes victimes de violences conjugales, un espace qui serait ouvert 5 jours/7 :
Un endroit plus spécialisé qui pourra apporter des éléments d’informations et une prise de contact avec des professionnels, et un accompagnement social, explique Olga de Saint-Jore.
« Un lieu où aller et où il y a toujours du monde, les femmes ne seront jamais seules », ajoute-t-elle. Un lieu de détente où se mettre à l’abri, se poser, sortir de l’enfermement. Elles pourront y trouver un vestiaire avec des vêtements et des chaussures, une machine à laver, un espace enfants. Un espace de convivialité où discuter et échanger :
Avoir un espace d’échange pour reprendre confiance en soi.
C’est ce qu’ont fait Marion et Céline.
Marion :
« Je suis arrivée ici par hasard à un moment où j’étais complément paumée. J’avais une phobie sociale : je ne pouvais pas rester plus de 5 mn dans un magasin, trouver un travail je n’y pensais même pas, je me suis fait violence. L’intérêt de venir ici est de pouvoir reprendre du lien social : on n’est pas dans la pression ni la compétition. On pouvait parler de nos différents parcours, ça fait du bien, on a abordé des sujets graves mais surtout beaucoup ri ! Je suis venue ici, deux fois par semaine, de septembre à décembre, ça m’a permis de reprendre confiance en moi. »
Céline :
« Ça fait du bien, on sort du train-train quotidien école/maison-école maison. On peut parler et puis j’ai pu sortir un projet pour mon compte : je vais monter un camion Food Truck », explique Céline, ancienne fleuriste.