Victimes de violences psychologiques : de la résistance à la reconstruction
« Victimes de violences psychologiques : de la résistance à la reconstruction », d’Anne-Laure Buffet (Le Passeur Editeur)
L’auteure est coach, créatrice de l’association CVP – Contre la Violence Psychologique.
Elle bâtit son livre en identifiant d’abord qui sont les victimes.
En la matière, les victimes sont anonymes, de l’enfant maltraité à l’adulte en souffrance, ce ne sont pas des victimes visibles.
Puis elle envisage la violence, la manière dont celle-ci s’installe, souvent de façon insidieuse, parfois après une longue période d’opération séduction, et qui peut ensuite aller jusqu’à la violence physique.
Enfin, le mal et ses différentes manifestations étant identifiés, elle s’attache à ouvrir la voie de la reconstruction : savoir se protéger et protéger les enfants, savoir partir, savoir rompre. Car les personnes vivent dans une souffrance et un isolement qui les enferment dans le cercle vicieux d’une prison dont il est très difficile de sortir.
La reconstruction s’accompagne du deuil qu’il faut savoir, pouvoir, faire et qu’on fait d’autant mieux qu’on est accompagné, jusqu’à se relever. Mais ce n’est pas gagné, les violences psychologiques s’accompagnent d’un tel déni de la personne que celle-ci, humiliée, bafouée, ne se respecte plus, peut elle-même se juger indigne de toute attention, de tout respect. Avant même d’identifier de l’extérieur les victimes de ces violences, il faut que celles-ci osent se penser victimes, osent se reconnaître, pour pouvoir aller chercher de l’aide.
Si ce livre peut avoir un mérite, c’est celui-ci : comprendre ce qui arrive!
J’ai toutefois été moins convaincue qu’à la lecture de Marie-France Hirigoyen (« Le harcèlement moral », « Femmes sous emprise ») : la démarche entreprise avec Anne-Laure Buffet ou des personnes coachs, comme elle, peut être salvatrice dans un premier temps pour franchir cette étape consistant à rompre le cercle infernal de l’enfermement et de l’isolement. Pourtant, les rechutes représentent un risque important, avec la personne harcelante, mais aussi plus tard avec une nouvelle personne qui sentirait cette fragilité et viendrait vampiriser. C’est pourquoi je privilégierais pour ma part une approche réellement psychologique et psychanalytique seule capable de comprendre et repérer les mécanismes pour que plus jamais ils ne se remettent en œuvre. Sans cela, la reconstruction et la résilience me semblent plus illusoires.
Véronique Poirson
http://blogs.lexpress.fr/les-8-plumes/2016/02/10/victimes-de-violences-psychologiques-de-la-resistance-a-la-reconstruction/