Troubles de la personnalité Ni psychotiques, ni névrotiques, ni pervers, ni normaux…
Le syndrome de « Münchausen by proxy »
Dans son approche clinique actuelle, le syndrome de « Münchausen by proxy » nous évoque à nouveau le spectre de la « mauvaise mère », c’est-à-dire la mère abusive dans toute sa magnificence destructrice. Véritable caricature d’elle-même, mythomane, délirante et trouble, la mère « Münchausen » est le prototype de la mère abusive. La grande majorité des cas de « Münchausen by proxy » implique la personnalité très particulière, voire controversée, de certaines mères. L’expression même de ce syndrome reflète des troubles de la personnalité qui osent à peine se définir, tellement ils sont insidieux et complexes à déterminer au plan psychopathologique. L’ambivalence mortifère de la mère « Münchausen », les capacités manipulatrices indéniables, les éléments de psychopathie dynamiques et les fantasmes de nature sexuelle contaminent la possibilité d’établir un diagnostic concernant un éventuel trouble de la personnalité.
Confrontés à la rareté de ces cas, à leur singularité et à leur complexité, les cliniciens essayent d’élaborer des classifications diagnostiques et établissent quelques typologies psychopathologiques des mères « Münchausen ». Cette approche diagnostique différentielle permet également de mieux comprendre la réalité de ce syndrome exceptionnel et ses conséquences pour l’enfant. À la fois somatiques et psychiques, les troubles présentés par l’enfant disparaissent lorsqu’il est éloigné de sa mère.
Dans certaines situations d’inceste, les fausses allégations d’abus sexuels relèvent parfois d’une situation d’aliénation parentale (SAP), analogue au syndrome de « Münchhausen by proxy »…
Tous les manuels de psychiatrie abordent au moins dans un chapitre spécifique le domaine des troubles de la personnalité.
L’originalité du DSM-III, troisième édition du Manuel diagnostique et statistique des troubles mentaux publiée en 1980, consistait, d’une part, à employer systématiquement des critères diagnostiques pour délimiter l’ensemble des catégories diagnostiques en psychiatrie, d’autre part, à placer les troubles de la personnalité sur un axe différent de celui des autres troubles mentaux. Cette particularité disparaît — comme l’ensemble des évaluations multi-axiales — dans le DSM-V en 2013.
Il existe néanmoins divers arguments pour penser que les troubles de la personnalité ne sont pas des troubles du fonctionnement psychique « comme les autres ».
Qu’ils se limitent à des troubles de l’identité d’un sujet, ou qu’ils impliquent, de plus, en règle générale, des difficultés dans les relations interpersonnelles, en raison même de l’existence de traits de personnalité particuliers par leur nature ou leur intensité, ils sont à l’origine d’une souffrance (pour le sujet lui-même et, souvent, pour autrui) et, à ce titre, ils méritent bien une place à part au cœur de la psychopathologie.
En revanche, les individualiser sous la forme de catégories diagnostiques paraît de plus en plus contestable, même si les médecins — psychiatres ou non — sont plus à l’aise avec ce type de classification qu’avec le continuum des différentes dimensions psychologiques.
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