Relations toxiques & Attachement traumatique : Interview de Stephan par “La Psychologie pour Tous”
Relations toxiques : des opportunités pour guérir nos blessures d’attachement ?
Dans son interview (lien en bas de page), Stephan Schillinger, auteur de Récit thérapeutique d’un attachement traumatique, interprète les relations toxiques en les liant à nos blessures d’enfance. Non pas comme des relations simplement destructrices, mais révélant des schémas inconscients profondément enracinés dans notre passé, appelant à remonter à la surface à des fins de guérison ou de re-théatralisation traumatique.
L’idéalisation, piège de l’attachement traumatique
Stéphan rejette la notion de « personnes toxiques », préférant parler de dynamiques relationnelles toxiques. Il souligne que la fascination initiale repose sur une idéalisation qui masque des blessures émotionnelles anciennes. Dès lors, l’autre devient une surface sur laquelle nous projetons nos attentes irréalistes, fantasmées, recréant des patterns relationnels ancrés dans notre enfance.
Cette idéalisation, parfois vécue comme un « coup de foudre », est en réalité une résonance entre les inconscients des partenaires. Stephan explique que l’amour vécu dans ces conditions est une répétition inconsciente de nos premières expériences d’attachement, où amour et souffrance sont le plus souvent indissociables. En effet, les personnes ayant grandi dans des environnements abusifs tendent à recréer ces dynamiques en associant, sans s’en rendre compte, amour et maltraitance, abus, négligence.
Guérir, c’est conscientiser et intégrer
Pour sortir de ces schémas, l’accent est mis sur la conscientisation. La clé réside dans notre capacité à identifier ces patterns d’attachement traumatique et à comprendre leur lien avec notre histoire personnelle. Cependant, il prévient que cette prise de conscience ne doit pas être purement intellectuelle. Il est nécessaire de revenir à une expérience plus corporelle et émotionnelle, où l’on explore les ressentis physiques liés à ces blessures avant même de les verbaliser.
Cette approche holistique permet une véritable intégration émotionnelle, au-delà des simples rationalisations. L’écriture, pour lui, a joué ce rôle de catharsis. À travers son livre, il a pu transformer une expérience douloureuse en une source de guérison. C’est ce qu’il appelle un acte « psychomagique » (Cf Jodorowsky) : un rituel symbolique qui lui a permis de donner du sens à sa souffrance et de l’utiliser comme levier de transformation personnelle.
Reconnaître sa part de responsabilité que nous entretenons dans le maintien de la souffrance
Stéphan aborde ici la notion délicate de co-responsabilité dans les relations toxiques. Plutôt que de blâmer les victimes ou les bourreaux, il invite à explorer notre coparticipation inconsciente dans ces dynamiques. Cela implique de comprendre comment nos blessures d’attachement nous poussent à choisir ou à tolérer des relations toxiques. Ce point, très sensible, subtil et souvent mal compris, est essentiel pour la guérison.
Transmuter la douleur en conscience
Enfin, l’auteur insiste sur l’importance de ne pas fuir la douleur, mais de l’affronter et de la transformer. Le véritable travail de guérison consiste à traverser ces expériences traumatiques, les comprendre, puis éventuellement de les sublimer. Par des actes symboliques ou rituels, il devient possible de donner un nouveau sens à nos expériences passées et d’utiliser la souffrance comme un tremplin vers une conscience plus élevée.
Ainsi, les relations toxiques, bien que douloureuses, sont des opportunités pour éclairer nos ombres et transformer notre rapport à l’amour. Stéphane Schillinger propose une vision qui va au-delà du simple constat de la toxicité relationnelle : il s’agit de voir dans ces expériences des chances de guérison et de réinvention de soi.