Que faire face aux personnes qui critiquent ou rabaissent notre enfant ?
Certaines remarques de notre entourage adressées à nos enfants nous déplaisent, voire nous agacent : “je n’aime pas les enfants capricieux”, “arrête de pleurer”, “tu es une petite fille méchante”. Comment réagir face à ces remarques ? C’était le débat de mardi dernier auquel les lecteurs de CPMHK se sont prêtés. Merci à tous pour vos témoignages inspirants, voici un petit résumé et l’avis de Cool Parents Make Happy Kids sur le sujet !
L’avis de “Maman Chou” fait l’unanimité : ce genre de réflexion peut agacer !
“Je déteste ça et j’essaie de reprendre les gens quand ça arrive de manière souple et diplomate bien sûr ! Je trouve ça injuste car ce sont toujours des remarques sur des comportements normaux d’enfants de cet âge.
Et quand on s’informe sur le développement des enfants et qu’on est pro “éducation bienveillante”, c’est agaçant de voir que beaucoup ont une vision erronée ou ancienne école des enfants et qu’ils restent sur leurs idées reçues par manque d’information, d’observation voire d’intérêt …”
En fait, ces réflexions nous agacent non seulement pour notre enfant, mais aussi (surtout ?) parce qu’en critiquant notre enfant, c’est un peu comme si on nous accusait d’être mauvais parent !
Le plus insupportable, c’est quand on s’attaque à notre bébé qui n’a même pas la parole pour pouvoir se défendre !
“Quand notre fille était plus petite 2-3 mois, elle avait des coliques et notre famille commençait à dire « ben dis donc quel caractère! » Nous avons dit tout de suite que nous n’aimions pas que de tels commentaires soient faits sur notre fille, surtout en sa présence! Et qu’elle était bien évidemment trop petite pour faire des caprices! Ils ont eu un peu de mal avec le fait qu’on leur impose quelque chose mais si les remarques avaient continué je pense que je les aurais vu de moins en moins. Avec mon mari nous ne voulons pas qu’elle soit stigmatisée dès son plus jeune âge. Nous leur avons beaucoup expliqué notre point de vue. Finalement ils n’en font plus trop. Heureusement…”????
Ninou nous donne une de ses astuces :
“Je rectifie auprès de mon fils en disant par exemple : Gaël n’est pas un enfant capricieux, il exprime simplement un besoin ou une émotion à l’instant T ! En insistant bien haut et fort pour que l’adulte se trouve mal à l’aise et réfléchisse un peu à l’ânerie qu’il vient de dire ! ”
Stéphanie a sa petite phrase qui fait mouche :
“Ici on ne punit pas : « si les punitions éduquaient il y a belle lurette qu’il n’y aurait plus de crimes sur la terre » je l’aime bien celle là !”
Pour Presci :
“Je pense sérieusement à faire faire des t-shirts pour mon fils de 2 ans « je ne suis pas mal-élevé, je suis autiste ». Non, parce que bon, les réflexions, ça va deux minutes hein”
Et pour Natacha :
“Ça dépend, parfois je ne réponds rien, surtout si la remarque est faite directement à mes enfants (5 mois et 2.5 ans) et je regarde la réaction de mon fils de 2.5 ans. À l’avenir il aura parfois des remarques à l’école et je ne serai pas là pour le « défendre », du coup je le laisse se forger son caractère. Mais si on me fait des remarques à moi sur l’éducation que je donne, je réplique et j’explique mon point de vue et que c’est comme ça puisque ce sont mes enfants !”
En lisant vos remarques, je me suis dit que l’on pouvait distinguer deux choses. L’impact négatif que la remarque peut avoir sur notre enfant d’une part, et le sentiment que notre éducation est remise en cause d’autre part. Quel est le sentiment qui nous traverse au moment de la remarque ? De la peine pour notre enfant que l’on sent blessé ? Ou de la colère car on a l’impression que la personne n’approuve pas notre éducation ou la remet en cause ?
Avoir confiance en notre éducation, et ne pas être blessé par les remarques des autres
Si c’est le deuxième point, je pense que la solution est en nous. Les autres ne sont pas d’accord avec l’éducation que l’on donne, et alors ? On ne va pas les changer, et la meilleure façon de les convaincre est d’attendre quelques années (ou la semaine prochaine) : ils s’en rendront compte par eux-mêmes. L’important reste d’en être soi-même convaincu.
Oui, je sais pourquoi les enfants d’hier étaient plus sages que les enfants d’aujourd’hui, et je suis tellement heureuse pour mes enfants qu’ils osent ne pas être sages, qu’ils osent dire ce qu’ils pensent et exprimer leur désaccord face aux grandes personnes, je suis fière que mes enfants n’aient pas peur d’être eux-mêmes, d’exprimer leur joie haut et fort, de courir, de sauter, d’être vrais. Les autres peuvent dire ce qu’ils veulent, cela ne m’atteint pas car je suis heureuse de les voir si épanouis, heureux et unis entre eux. Je ne vais pas rentrer dans un débat sur l’éducation avec des personnes qui ne veulent pas l’entendre, à quoi bon perdre son temps ? Je ne suis pas en colère contre eux, ils sont dans leur réalité, mais ce n’est pas la mienne.
Protéger l’enfant qui ne peut pas se défendre
La situation diffère lorsque ces remarques sont susceptibles de blesser directement notre enfant. Si l’enfant ne parle pas, on peut évidemment prendre sa défense.
Mais si l’enfant sait bien s’exprimer cela me semble différent : Comme pour une dispute entre frère et soeur, que gagnons-nous vraiment à intervenir ? On risque de décrédibiliser l’adulte, qui se sentira attaqué et aura tendance à se renfermer plutôt qu’à vouloir ouvrir le débat. Quant à l’enfant, ainsi défendu alors qu’il n’a rien demandé, il risque de croire que son parent sera toujours là pour le protéger et qu’il n’est pas capable de se défendre seul (“Je m’en fiche je vais le dire à ma mère !”) .
Apprendre à notre enfant à se défendre seul
Dans ce cas, le mieux est encore d’apprendre à son enfant à faire face seul à ce genre de critiques. Comment ? Un peu comme dans une dispute entre deux enfants...
1/ Prendre d’abord soin de la “victime”
Il y aura toujours des personnes “toxiques”, on ne va pas les changer ni les isoler, donc autant apprendre à notre enfant à les gérer !
On rediscute de la scène avec notre enfant :
- “Tu sais tout à l’heure quand Machin a dit que tu étais méchant ? Il faut que tu saches que je ne suis pas d’accord avec elle, tu n’es pas quelqu’un de méchant. Mais je pense qu’elle s’est sentie agressée, et ça l’a mise en colère. Du coup elle a pu dire des choses qu’elle ne pensait pas. Dans ces cas-là, le mieux est encore de lui dire ce que tu ressens : “Je ne suis pas méchant, je suis en colère parce que j’ai eu l’impression que tu m’as refusé cette tranche de saucisson, juste pour m’embêter sans raison, et c’est ça qui m’a mis en colère contre toi”.
- Tu sais tout à l’heure quand Machin a dit que tu étais un petit garçon capricieux ? Je ne suis pas d’accord avec elle. Je pense qu’elle a mal interprété ta colère, qu’elle ne l’a fait pas exprès. Mais toi, tu peux l’aider à mieux comprendre tes émotions, en disant simplement ce que tu penses : “Non je ne fais pas un caprice, je suis juste en colère car j’ai l’impression que l’on m’interdit des choses et que ce n’est pas juste ! Je ne comprends pas parce que je ne l’ai pas mérité !”Face à la violence et à l’agression des autres, il faut apprendre à notre enfant à prendre du recul, à se “détacher” de cette agression. Il faut l’aider à comprendre que si quelqu’un est en colère, ce n’est pas forcément de sa faute à lui, c’est peut-être simplement que cette personne est stressée, ou a mal interprété un comportement (ex : une blague mal perçue).
Il faut lui apprendre à ne pas prendre les choses au pied de la lettre : ce n’est pas parce qu’on lui dit “tu es méchant” que c’est vrai… même si c’est un adulte qui le dit !
Ca n’est pas évident bien sûr… Mais à utiliser aussi pour l’aider à surmonter les problèmes qu’il rencontre à l’école, voir cet article : Aider notre enfant à surmonter les méchancetés de la cour de récré
3/ Face à l’accusation, lui apprendre à exprimer ses émotions
Ce qui est plus simple en revanche, c’est d’apprendre à l’enfant à exprimer ses sentiments car cela évite les malentendus et peut désamorcer bien des situations. En évitant d’accuser l’autre mais en disant simplement ce qu’il ressent, l’enfant adopte un mode de communication positive et évite de braquer son interlocuteur. C’est une excellent façon de se défendre.
Et à force de lui donner des suggestions de réponses qui vont dans ce sens, et de lui montrer l’exemple, lui aussi prendra le pli (il faut parfois plusieurs années évidemment !).
A la maison, Joy et Léon ne sont pas toujours capables de réagir de la meilleur des manières, mais quand je les entends dire “Je suis fâchée / Je suis triste” plutôt que “Tu es méchant”, je me dis qu’on va dans le bon sens !
Prendre un temps pour parler du sujet à la personne
Tout cela ne nous empêche pas de prendre un petit moment pour parler calmement, et en tête-à-tête, à la personne qui “agresse” régulièrement notre enfant. On aura beaucoup plus de chance qu’elle nous écoute si on ne la remet pas en cause devant notre enfant (ce qui risquerait de l’humilier et aussi de nous décrédibiliser). Là encore, rien de mieux que d’exprimer ses sentiments : “Tu sais, je suis vraiment embêtée car maintenant j’ai une boule au ventre à chaque fois que je dois passer des vacances avec vous. Je me sens épiée, critiquée. C’est de plus en plus dur pour moi. Je n’ai pas envie d’en arriver au point où nous déciderons finalement de ne plus venir. J’ai l’impression que notre enfant aussi en souffre, il se sent critiqué, mal aimé, et cela empire ces mauvais comportements, etc.”
Protéger son quotidien des personnes trop toxiques
Si la personne toxique est une personne qu’il voit quotidiennement, cela peut devenir nocif. Mais avant de réagir, l’essentiel est de bien étudier la façon dont réagit l’enfant, et d’en parler avec lui. En tant que parent, on veut à tout prix protéger notre enfant mais parfois, cela lui passe au-dessus de la tête, ou il est capable de prendre le recul nécessaire pour ne pas pâtir de certaines réflexions. Dans ce cas-là, ça serait dommage d’en faire un fromage alors que notre enfant le vit bien !
Si l’on voit qu’il en souffre en revanche, il ne faut pas hésiter à lui faire prendre ses distances.
Tout un sujet à méditer, et pas toujours facile à appliquer 🙂