Pourquoi est-ce si difficile de définir la masculinité?
Dans l’émission « Faut pas croire » du 17 novembre dernier, Aline Bachofner posait cette question: «Pourquoi est-ce si difficile de définir la masculinité?»
Peut être parce qu’on commence seulement à se poser cette question. Ou alors parce qu’on la pose de façon complètement nouvelle.
Les hommes n‘ont pas attendu « MeToo » pour se sentir hommes, pour se comparer et pour rivaliser. Mais la définition de la masculinité a reposé jusqu’à récemment sur le rôle masculin plus que sur le ressenti masculin. Et c’est une différence importante.
Traditionnellement, les rôles féminin et masculin étaient bien définis. La voiture, l’argent, la politique, le travail rémunéré: pour les hommes. La famille, la cuisine, les soins aux enfants, le ménage: pour les femmes. En tant qu’homme, le questionnement portait sur ces rôles et la satisfaction masculine venait récompenser celui qui les jouait bien.
L’époque a changé et cette méthode ne fonctionne plus. Le rôles ont cessé depuis belle lurette de nous informer sur le genre. Les hommes et les femmes qui le veulent peuvent conduire, travailler, cuisiner ou élever les enfants. La fierté d’appartenir au genre masculin ne passe plus par l’incarnation de rôles que tout le monde peut incarner.
Tant mieux pour tous ceux que ces « rôles genrés » étouffaient par leur côté contraignant. La grande remise en question qu’a induite le féminisme est passée par là en libérant les femmes et les hommes de stéréotypes étouffant.
Mais nous nous trouvons du coup à nouveau confronté à cette question: « c’est quoi un homme? » Avec cette fois un choix: allons-nous chercher de nouveau rôles pour nous définir ou allons-allons-nous prendre le risque d’explorer nos ressentis pour nous définir de façon plus personnelle. En d’autres termes, les hommes sont au défi de parler d’eux, de se découvrir et de se donner à être découvert par les autres.
C’est une prise de risque d’autant plus que le rôle masculin traditionnel implique le contrôle sur soi plutôt que le partage verbal. Mais ce risque en vaut la peine. Nombreux sont les hommes qui sont sensibles aux bouleversement actuels qui touchent le domaine du genre. Plus parler, plus partager est une façon de participer au débat plutôt que d’y assister.
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