Mort d’Énéa : la vengeance d’une mère ?
Quel mystère se cache derrière la mort tragique, en 2019, d’Enéa, lycéenne scolarisée à Dax ? Le 13 novembre de cette année-là, la jeune femme qui vient de fêter ses 18 ans, est prise de violentes convulsions au domicile de sa mère, Maylis Daubon, qui conserve jalousement la garde de ses deux filles depuis dix ans, malgré les cris d’alerte répétés de son ex-mari. Enéa est transportée en urgence au CHU de Dax, où elle meurt cinq jours plus tard, après avoir été déclaré en état de mort cérébrale.
Les analyses effectuées révèlent alors qu’elle a dans son organisme l’équivalent de 50 cachets de propranolol, un bêtabloquant qui, à haute dose, peut provoquer une crise cardiaque. Ce médicament est le dernier d’une très longue liste pour Enéa, qui a multiplié avec sa mère les passages chez des dizaines de médecins et de spécialistes les mois précédant son décès. Décrite comme dépressive par Maylis, elle s’est déjà vue prescrire des anxiolytiques, des neuroleptiques ou encore des psychotropes.
Münchhausen par procuration
Mais pour son père, l’ancien handballeur professionnel Yannick Reverdy, comme pour certains experts cités dans l’enquête réalisée par le magazine de TF1 “Sept à huit” diffusé ce dimanche 23 juin, la vérité serait beaucoup plus sombre… Dotée d’une personnalité très complexe, Maylis Daubon pourrait bien ne jamais avoir supporté le divorce avec le père de ses deux filles, au point d’avoir commis l’irréparable.
Après leur séparation en 2009, Maylis a obtenu la garde de ses deux filles, nées en 2001 (Enéa) et en 2003. Elle aurait par la suite tout fait pour couper les ponts entre le père et ses deux enfants, avant de sombrer dans un dangereux engrenage. Selon une experte, Maylis Daubon aurait pu souffrir durant ces années du syndrome de Münchhausen par procuration, un trouble psychologique qui l’aurait poussée à inventer des maladies à sa fille pour se faire plaindre par son entourage.
L’enquête menée par les autorités suite à la mort d’Enéa n’a en tout cas montré aucune trace suggérant un suicide. Aucune plaquette de médicament n’a par ailleurs été retrouvée à leur domicile et le téléphone de la jeune femme a disparu, alors que dans celui de sa mère, on trouve six mois plus tôt des recherches sur des overdoses aux bêtabloquants… Maylis aurait pu mal vivre les envies de départ d’Enéa, au point de passer à l’acte.
Incarcérée en janvier 2022
C’est la thèse avancée par l’avocat de Yannick Reverdy, cité par TF1 : “Le syndrome de Münchhausen par procuration fonctionne à partir du moment où l’enfant qui est sous emprise n’a pas de velléité de départ, or les proches d’Enéa disent qu’elle avait peut-être pour projet de partir de la maison, c’est très en concordance avec ce syndrome […], à partir du moment où on a l’impression que l’objet de soumission nous échappe, le pire peut arriver”, explique-t-il.
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Les enquêteurs se sont visiblement alignés avec cette théorie, puisqu’en janvier 2022, Maylis Daubon a été arrêtée, mise en examen pour empoisonnement, et incarcérée à la prison de Pau. Depuis la maison d’arrêt, elle aurait continué d’afficher les éléments les plus sombres de sa personnalité, comme le rapportent plusieurs de ses codétenues. Elles affirment que Maylis les aurait sollicitées pour l’aider à faire disparaître son ex-mari…
Pour ces derniers faits, et les soupçons d’empoisonnement dont elle fait l’objet envers ses deux filles – des traces de propranolol ont également été découvertes chez la sœur cadette –, Maylis Daubon doit être jugée aux assises de Mont-de-Marsan en 2025.
https://www.ladepeche.fr/2024/06/25/avec-ce-syndrome-le-pire-peut-arriver-la-mere-denea-morte-a-18-ans-est-soupconnee-davoir-empoisonne-sa-fille-12039205.php