Misogynie, misandrie, il y a deux sexismes – Patrick guillot
Mais beaucoup de personnes ignorent qu’il y a deux sexismes. Et qu’il existe un mot pour désigner le sexisme contre les hommes : la misandrie. … Là où le féminisme appelle à plus de respect dans les rapports humains, la misandrie prône la haine des hommes. Patrick Guillot questionne depuis vingt ans les différentes formes de sexismes, les discriminations fondées sur le sexe, les identités et les stéréotypes de genre, sujets qui l’ont amené a cofonder en 2008 le Groupe d’études sur les sexismes. Le résultat de ses recherches paraît aujourd’hui.
Dans le cours de son histoire, le féminisme a eu des adversaires bien identifiés : le conservatisme, la misogynie, le puritanisme, etc. Mais il semble que l’on assiste à l’émergence d’un autre adversaire, plus sournois et peut-être plus dangereux : la misandrie, autrement dit le sexisme contre les hommes.
Tout le monde sait qu’il y a deux sexes. Mais beaucoup de personnes ignorent qu’il y a deux sexismes. Et qu’il existe un mot pour désigner le sexisme contre les hommes : la misandrie. Patrick Guillot s’efforce de déterminer ce qu’elle énonce. C’est l’occasion de plusieurs découvertes :
- La misandrie n’est pas seulement un sentiment d’aversion ; c’est aussi un ensemble de théories, qui prétendent démontrer l’infériorité morale des hommes. Là où le féminisme demande que la valeur des femmes soit reconnue à l’égal de celle des hommes, la misandrie affirme que les hommes sont d’une nature inférieure, en particulier au plan moral. Là où le féminisme appelle à plus de respect dans les rapports humains, la misandrie prône la haine des hommes. Là où le féminisme revendique l’égalité des droits entre les sexes, la misandrie exige des droits supérieurs pour le féminin.
- Ces théories, professées depuis plusieurs siècles et jusqu’à aujourd’hui, n’ont guère changé sur le fond.
- Leurs tenants sont aussi bien des femmes que des hommes.
- La culture misandre est assez forte dans nos sociétés pour influer négativement sur les conceptions de l’éducation ou de la lutte contre les violences, la condition paternelle, le fonctionnement de la Justice, les lois, les rapports entre les sexes.
Paradoxalement, même si elle en est une caricature, la misandrie excelle à utiliser le féminisme comme paravent. Il y a là un réel danger pour ce dernier : lorsque les deux courants sont confondus, des points de vue misandres peuvent lui être abusivement attribués et il s’en trouve discrédité. Refusant cette confusion, l’auteur s’efforce d’établir entre eux une claire distinction, aussi bien dans l’histoire que dans l’actualité. Si l’on veut lutter efficacement contre le sexisme, il est temps de mettre au jour sa face cachée.
http://paternet.fr/2018/06/13/misogynie-misandrie-il-y-a-deux-sexismes/