Mère envahissante : comment rééquilibrer la relation
Coincée entre une mère envahissante et ma culpabilité
Même depuis que je suis adulte, que je vis en couple et que j’ai fondé ma propre famille, ma mère ne m’épargne rien. Elle est tout le temps là ! Dans l’ensemble, on s’entend très bien et on est proches, et c’est sans doute ça le problème : nous sommes trop proches. Tellement proches que je n’arrive jamais à lui dire qu’elle va trop loin. Être adulte et se sentir obligée de mentir pour ne pas blesser sa mère, c’est frustrant et ça mine l’estime de soi. Mais ma mère n’est pas quelqu’un à qui on dit non. Quand elle veut quelque chose, elle sait comment l’obtenir, même si c’est aux dépens de mes propres besoins et désirs. Moi de mon côté, je me sens toujours coupable. Si j’ai envie de m’offrir une robe hors de prix, je ne lui dis pas, elle jugerait la dépense folle, inutile et me le reprocherait, mais moi, sans savoir pourquoi, je culpabilise de ne pas le lui dire. Mon père n’est pas très causant, alors quand elle veut parler, elle m’appelle, si je ne laisse pas tout tomber pour répondre, je m’en veux, alors qu’on se parle tous les jours.
🙄Concernant l’éducation de mon fils, elle a aussi son mot à dire : si je ne fais pas comme elle a fait, je ne fais pas bien, et si je fais comme j’ai envie, je doute et je me remets des dizaines de fois en questions. Bref, je suis enfermée dans une relation malsaine avec ma mère.
Une mère envahissante, n’est pas une mère toxique
Quand la mère toxique est manipulatrice et reproche ses malheurs à son enfant, la mère envahissante est intrusive, elle ne respecte pas les désirs de son enfant, contrôle sa vie et fait pression pour en connaître les moindres détails. Il n’est d’ailleurs pas rare que je raconte à ma mère des événements de ma vie qu’elle ne devrait sans doute pas connaître. Un syndrome de Stockholm, pensez-vous ? Peut-être, mais plutôt une impression de complicité, qui est en fait une fusion mal contrôlée et destructrice. Elle exige, par des moyens détournés, de tout connaître de ma vie et elle me juge, me donne son avis, cherche à m’influencer. Plus elle me fait douter de ce que je fais et plus j’ai besoin de son approbation, donc plus je lui raconte des choses de ma vie, qu’elle n’a pas à connaître.
Comment rééquilibrer la relation ?
Même si elle n’en a pas conscience, ou si elle ne veut pas l’admettre, je suis différente de ma mère, alors qu’elle, elle projette sa personnalité sur la mienne. C’est une relation déséquilibrée et néfaste dans laquelle il convient de remettre de l’ordre. Comment ?
1. Mettre de la distance
Pour rééquilibrer une relation mère/fille, il faut avant tout mettre de la distance. Ne pas prendre de distance ne ferait qu’entretenir une relation insatisfaisante et alimenter votre rancœur. Suivant la situation, on choisira une distance géographique ou alors on filtrera les informations qu’on lui donne. Quand on a vécu pendant longtemps sous le joug d’une mère envahissante, on a parfois du mal à savoir ce qu’on peut lui dire et qu’on devrait garder pour nous. Dans ce cas, il ne faut pas hésiter à demander l’avis de notre entourage. Notamment à la personne qui vit avec nous et qui est souvent la spectatrice privilégiée de cette relation.
2. Faire des pauses
Le premier confinement, en mars 2020, a été pour moi une respiration. Je me sentais obligée de voir ma mère, alors être obligée de ne plus la voir a été un soulagement. C’est là que j’ai compris l’importance de faire des pauses. Personne ne devrait se sentir obligé de voir sa mère toutes les semaines. Il faut se forcer à prendre du recul et à ne pas accourir dès qu’elle demande après nous. Les pauses permettent aussi d’éviter de trop se confier et de recréer une intimité dans laquelle on laisse moins, puis plus du tout, sa mère pénétrer.
3. Ne plus lui trouver des excuses
Si l’on doit faire face à une mère envahissante, c’est souvent que l’on s’est laissée envahir, parce qu’on a tendance à lui trouver des excuses. Quand j’avais une vingtaine d’années, mes parents ont eu des problèmes de couple. Ma mère ne voulait pas rester seule et elle me demandait de passer mes soirées avec elle. Des soirées durant lesquelles elle passait son temps à critiquer mon père. Je détestais ces situations, mais j’avais de la peine pour ma mère, je me disais qu’elle avait besoin de moi. Aujourd’hui, j’essaye de ne plus lui trouver des excuses. Si elle se sent seule, ce n’est pas ma faute. Si elle me critique en tant que mère, ce n’est pas parce qu’elle est inquiète. J’essaie de la comprendre, mais je ne culpabilise plus.
4. Consulter pour affronter
La clé pour ne plus laisser une mère intrusive prendre le contrôle de sa vie, c’est la confiance en soi. Ne plus douter, savoir ce qui bon pour soi et ce qui ne l’est pas, prendre le contrôle de sa vie, s’imposer en tant qu’adulte et ne plus accepter d’être toujours traitée comme son enfant. Pour y parvenir, l’aide d’un psychologue est souvent nécessaire et toujours bénéfique. (Re)prendre confiance en soi nous permettra aussi de faire face à notre mère, calmement et de poser les limites qui rééquilibreront la relation : “je t’aime, mais je sais ce que je fais, je maîtrise ma vie, je suis une adulte. Je ne te rejette pas, mais tu dois apprendre à me faire confiance.”