Maltraitance infantile: “Des mômes prennent des roustes, et ils en crèvent”
Ce mercredi, le gouvernement lance le premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Parmi les principales mesures: une campagne d’information destinée à faire connaître le 119. Car briser le silence permait de sauver de jeunes vies.
Aucune donnée officielle n’existe. Et pourtant, on estime que deux enfants décèdent chaque jour, en France, de violences physiques*. Rien qu’en ce début 2017, neuf enfants sont morts sous les coups de leurs parents ou beaux-parents, selon un décompte de l’AFP. Un phénomène de société invisible, trop souvent cantonné aux pages des faits divers.
Ce mercredi, le gouvernement lance le premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Parmi les principales mesures: une campagne d’information destinée à faire connaître le 119. Car briser le silence permait de sauver de jeunes vies.
Aucune donnée officielle n’existe. Et pourtant, on estime que deux enfants décèdent chaque jour, en France, de violences physiques*. Rien qu’en ce début 2017, neuf enfants sont morts sous les coups de leurs parents ou beaux-parents, selon un décompte de l’AFP. Un phénomène de société invisible, trop souvent cantonné aux pages des faits divers.
En janvier, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes avait regretté que ces violences -sexuelles, physiques et psychologiques- “ne viennent nous bouleverser que de manière sporadique, lorsqu’un drame se produit”. Pour mieux repérer la maltraitance infantile et lutter contre, Laurence Rossignol dévoile, ce mercredi, un plan interministériel “de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants”. Une première sur le sujet.
Ce mercredi, le gouvernement lance le premier plan de lutte contre les violences faites aux enfants. Parmi les principales mesures: une campagne d’information destinée à faire connaître le 119. Car briser le silence permait de sauver de jeunes vies.
Aucune donnée officielle n’existe. Et pourtant, on estime que deux enfants décèdent chaque jour, en France, de violences physiques*. Rien qu’en ce début 2017, neuf enfants sont morts sous les coups de leurs parents ou beaux-parents, selon un décompte de l’AFP. Un phénomène de société invisible, trop souvent cantonné aux pages des faits divers.
En janvier, la ministre des Familles, de l’Enfance et des Droits des femmes avait regretté que ces violences -sexuelles, physiques et psychologiques- “ne viennent nous bouleverser que de manière sporadique, lorsqu’un drame se produit”. Pour mieux repérer la maltraitance infantile et lutter contre, Laurence Rossignol dévoile, ce mercredi, un plan interministériel “de mobilisation et de lutte contre les violences faites aux enfants”. Une première sur le sujet.
Parmi la vingtaine de mesures, une campagne nationale destinée à faire connaître le 119. Lancée sous le slogan “Enfants en danger: dans le doute, agissez !”, celle-ci vise à rappeler l’existence du numéro gratuit, disponible 24h/24 et 7j/7. L’objectif? Libérer la parole, encourager les témoignages. Car dans la plupart des cas, la loi du silence prévaut. “La famille n’avait fait l’objet d’aucun signalement.” Dans nombre d’affaires, la formule revient régulièrement. Et interroge: pourquoi est-ce si difficile de parler des violences faites aux enfants et de les signaler?
La maltraitance des mineurs, “un fait de société”
“Il y a une réticence à accepter l’idée. C’est tellement dérangeant qu’on ne veut pas envisager la maltraitance”, analyse auprès de L’Express maître Rodolphe Constantino. Et pourtant, “il doit y avoir une prise de conscience, poursuit l’avocat de l’association Enfance et partage. Les violences sur les mineurs ne sont pas des cas isolés, mais un vrai fait de société. Des mômes prennent des roustes, et ils en crèvent.” Par déni de réalité d’abord, ces faits restent donc sous-estimés par le grand public. Mais aussi par manque d’information. “On mesure la gravité d’une épidémie parce qu’on a des chiffres”, souligne Martine Brousse, présidente de l’association La Voix de l’enfant.
Parfois, il y a aussi la crainte des représailles, notamment pour les professionnels (médecins, instituteurs, assistantes maternelles, magistrats, etc) en contact avec les enfants, plus exposés aux menaces ou à la violence des familles mises en cause.
Pourtant en première ligne, les médecins ne représentent ainsi que 3 à 5% des signalements. “Comme nous tous, ils ont un rôle à jouer. Mais pour qu’ils s’occupent de ces violences, il faut les former, leur apprendre à rédiger des signalements… et aussi les protéger”, déclare à L’Express le médecin généraliste Gilles Lazimi. Jusqu’en décembre 2015, les praticiens n’étaient pas protégés par la loi. Ils pourront désormais aussi s’appuyer sur un “référent maltraitance” dans chaque hôpital.
Un silence “trop fréquent”
Autant de réticences individuelles auxquelles coupe court le procureur de la République de Reims, interrogé par L’Express: “On a une obligation de civisme qui doit dépasser les peurs individuelles au regard des conséquences du silence: la mort.” Car, poursuit Matthieu Bourrette, “dans des affaires extrêmement graves, on constate qu’on aurait pu arrêter le train fou à temps”.
Et le magistrat en sait quelque chose. Fin novembre 2016, le cas du petit Tony, mort à 3 ans sous les coups de son beau-père, est venu, une fois de plus, illustrer tragiquement l’absence de réaction de la part de l’entourage. “L’enquête a permis de déterminer que, depuis plusieurs semaines, des cris et des bruits sourds avaient pu être entendus pas des voisins, sans pour autant qu’ils ne le signalent auprès des services sociaux, de police ou de justice”, rappelle le procureur qui fustige un silence “trop fréquent”.
“Quand on a un doute, on appelle”
Alors, que faire si l’on est confronté à une éventuelle situation de violence envers un enfant? En cas d’urgence, s’adresser à la police et au procureur de la République. Mais on peut aussi tout simplement effectuer un signalement auprès de la cellule recueil d’informations préoccupantes (CRIP) de son département ou appeler le 119 Allô Enfance en danger.
“Il n’y a pas de petits appels ou d’appels inutiles, rappelle Violaine Blain, directrice du Service national d’accueil téléphonique de l’enfance en danger. Quand on a un doute ou un questionnement, on téléphone. Il ne faut pas rester seul avec ça, mais le partager avec un professionnel.” Au bout du fil, psychologues, juristes et autres professionnels de la protection de l’enfance vérifieront si l’on est face à une situation de danger, nécessitant d’agir ou non dans l’urgence, préviendront les services adéquats et/ou conseilleront l’appelant sur les démarches à suivre.