« Ma mère, mon poison », le documentaire sur les mères toxiques, est disponible en replay
Le 21 février 2017 — Les rapports mère/enfants, c’est un sujet très vaste abordé sous mille angles. Mais quid des mères toxiques ?
C’est la question que s’est posée Anne-Marie Avouac dans son documentaire Ma mère, mon poison, diffusé ce mardi 21 février sur France 5, à 20h50.
La réalisatrice s’est d’ailleurs exprimée à ce sujet pour le magazine Marie-Claire, expliquant les motivations qui l’ont poussée à s’intéresser au thème.
« J’ai constaté l’ampleur du drame des « mères toxiques » au fil de mes repérages. On n’imagine pas le nombre d’enfants qui ont souffert d’un lien toxique avec leur mère. Pour eux c’était normal.
Pourtant la manipulation perverse d’une mère est une arme de destruction si puissante que les adultes qui en ont souffert deviennent des adultes brisés.
Sans oublier que l’amour maternel qui ne serait pas inné est un sujet tabou, dont on parle peu. De nombreux adultes sont incapables de penser « toxicité » concernant leur mère. Les enfants excusent leur mère et nient leur souffrance.
Jusqu’au jour où il est impossible de faire un pas de plus : dépression, impasse professionnelle… »
http://www.madmoizelle.com/mere-toxique-documentaire-replay-728559
http://www.marieclaire.fr/,mere-toxique-psychologie-victime,842977.asp
Désirée de Lamarzelle : Quel constat avez-vous fait de l’ampleur du drame des mères toxiques ?
Anne Marie Avouac : J’ai constaté l’ampleur du drame des « mères toxiques » au fil de mes repérages. On n’imagine pas le nombre d’enfants qui ont souffert d’un lien toxique avec leur mère.
Pour eux c’était normal. Pourtant la manipulation perverse d’une mère est une arme de destruction si puissante que les adultes qui en ont souffert deviennent des adultes brisés.Sans oublier que l’amour maternel qui ne serait pas inné est un sujet tabou, dont on parle peu. De nombreux adultes sont incapables de penser « toxicité » concernant leur mère. Les enfants excusent leur mère et nient leur souffrance. Jusqu’au jour où il est impossible de faire un pas de plus : dépression, impasse professionnelle…
Pour Delphine, Sylvain, Marianne, c’est lors d’une profonde dépression, qu’ils ont réalisé les liens toxiques qu’ils entretenaient avec leur mère.
Les ravages de la toxicité d’une mère commencent dès la naissance voire même avant. Il est maintenant prouvé scientifiquement que l’attachement sculpte le cerveau, donne confiance à l’enfant, lui permet d’apprendre et d’explorer le monde.Sans affection, pas de confiance en soi
«La carence affective atrophie les deux lobes cérébraux et altère le circuit de l’émotion et de la mémoire. Mais dès qu’un substitut affectif entoure à nouveau le bébé son cerveau fonctionne à nouveau» écrit Boris Cyrulnik (qui sera présent au débat après la diffusion du documentaire).
C’est pourquoi la mission de l’hôpital mère-enfant du Vésinet est si importante. Elle permet aux mamans de tisser des liens affectifs avec leur bébé et d’éviter ainsi de possibles cas de maltraitance et de liens toxiques.Y a-t-il un profil type de la mère toxique ?
Il y a différents types de mères toxiques en fonction de la nature du poison qu’elle instille, de sa fréquence, de son intensité…Une mère toxique c’est une mère qui verse du poison dans son enfant à travers ses gestes, ses mots, ses actes.
Ce sont des mères qui sont de toute évidence en grande souffrance. Sinon elles ne se comporteraient pas comme ça» m’a confié Sophie-Marion Tentillier (Hypno thérapeute). Certaines sont plus identifiables que d’autres, comme les cas de violences ou de pathologies fortes (comme la mère de Delphine qui souffre du Syndrome de Münchhausen par procuration).
Pour résumer une mère toxique, c’est un parent qui a été, dominateur, critique, méprisant, incapable d’offrir le moindre soutien à son enfant.Les violences psychologiques sont à mon avis les plus violentes car elles ne laissent pas de traces visibles
Les mères toxiques ont tendance à dénigrer l’enfant en permanence, comme la mère de Nathalie. D’autres sont immatures et narcissiques comme la mère de Marianne. L’abandon est aussi vécu comme un traumatisme difficile à surmonter: Coryse a été abandonnée par sa mère très jeune, Sylvain a été envoyé au pensionnat car il gênait …
Ce sont des mères qui ne savent pas poser des limites
L’enfant va être soit envahi par cette mère, soit au contraire maintenu dans une distance telle qu’il va se sentir abandonné. Mais il ne pourra pas communiquer avec elle.
Le problème c’est que souvent les mères toxiques ont été aussi elles-mêmes mal-aimées, maltraitées, elles ont aussi des blessures et des failles importantes.Le monde en face : Ma mère, mon poison – Mardi… par france5
Comment guérit-on d’une mère toxique ?
Se construire lorsqu’on a été victime de mères dites « toxiques » est très difficile, qu’elles aient été violentes psychologiquement, dominatrice, méprisante, absente…
L’enfant confronté à une mère toxique a besoin d’aide pour grandir. il peut la trouver auprès d’un adulte bienveillant, d’un grand parent, d’un enseignant, d’un thérapeute.Rappelons que l’enfant en souffrance croit que ses parents ont raison. Il est donc très important d’avoir une image de l’extérieur qui va lui permettre de comprendre que ce qu’il vit n’est pas normal.
Quand l’enfant est en danger il est parfois repéré par les services sociaux
C’est le cas de Camélia qui a été placée. La séparation avec sa mère était pour elle vitale à ce moment-là. Camélia a eu cette chance, mais combien d’enfants restent sous l’emprise de leur mère ?
Une fois adulte il faut panser ses blessures en essayant peut-être de comprendre qu’une mère qui fait du mal à son enfant a souvent fait ce qu’elle a pu, c’est à dire compte tenu de sa propre histoire.
Si on est en colère vis-à-vis de notre mère qui a été toxique pour nous, cette colère va nous ronger. Ca n’est pas un dû d’avoir une mère aimante, chaleureuse, l’important c’est de ne pas reproduire ça avec nous même, de ne pas se maltraiter comme on a été maltraité.
Il n’est pas question de l’excuser mais simplement de comprendre qu’elle ne pouvait pas faire autrement. Si elle pouvait faire autrement elle l’aurait fait, tout simplement.
Toute personne possède en elle les ressources nécessaires pour guérir.Cela passe par rompre, avoir une explication avec sa mère, pardonner ou pas.
Lors des groupes de parole organisée par Anne-Laure Buffet (psychologue) la parole se libère. Ecouter l’histoire des autres fait souvent écho à son propre vécu. Pour se libérer de l’emprise de sa mère, pour retrouver confiance en eux, chaque personne trouve ses propres moyens : l’hypnose pour Marianne, la thérapie et l’écriture d’un livre pour Delphine, l’art pour Sylvain, l’éloignement pour Camélia, la rupture pour Nathalie…« Parler, se faire entendre, témoigner de ce rapport à la mère. C’est un temps de rééducation : apprendre à s’aimer, à aimer l’autre sans rivalité, sans emprise, ni combat, apprendre à choisir la sécurité.
En un mot, guérir » écrit Anne-Claire Jaulin (auteure d’un scénario de fiction sur les mères toxiques).
“Ma mère, mon poison” Documentaire d’Anne-Marie Avouac (Durée 70 min) suivi d’un débat présenté par Marina Carrère d’Encausse