L’infanticide, quand les parents tuent leurs enfants
Fabienne Kabou, Dominique Cottrez, Cécile Bourgeon… Chez les parents infanticides, le meurtre est la plupart du temps commis par la mère, souvent avec la complicité du père. Les profils psychologiques fréquents font état de personnes isolées socialement alors que le projet d’enfant n’a pas sa place dans le couple, voire est nié par l’entourage et la famille. Parfois, un déni de grossesse peut compléter ce contexte complexe. Fortement médiatisés, ces infanticides choquent l’opinion publique qui organise rassemblements et marches blanches de protestation, soulignant combien de tels meurtres demeurent incompris moralement dans la société.
Un bébé mort, l’autre disparu: 20 ans requis contre la mère infanticide
Magali Verdu, 47 ans, est rejugée à Nanterre en appel pour un double infanticide à La Queue-lez-Yvelines. Elle avait été condamnée à une peine de vingt ans de réclusion à l’issue de son premier procès, en mars 2016.
Pierre a disparu quelques jours après sa naissance, Marie a été retrouvée dans un sac poubelle. La mère de ces bébés, soupçonnée de les avoir tous deux tués à huit ans d’intervalle, était rejugé pour avoir tué deux de ses enfants, des nourrissons, dont l’un n’a jamais été retrouvé. Condamnée à 20 ans de réclusion pour meurtres à l’issue de son premier procès, en mars 2016 à Versailles, l’accusée avait fait appel.
Magali Verdu, 47 ans, “est en quelque sorte un serial killer, une personne qui a commis au moins deux meurtres”, a lancé l’avocat général Benoît Meslin devant la cour d’assises des Hauts-de-Seine. “Il ne s’agit pas d’un déni de grossesse, elle n’a pas été surprise” par les naissances, a-t-il asséné. “Ces vingt ans sont le minimum qui puisse être prononcé”, “nous sommes dans le plus profond de l’horreur”.
La dépouille d’un bébé jamais retrouvée
L’affaire remonte à 2013. L’hôpital où Magali Verdu avait été admise, souffrante, prétendant avoir accouché la veille d’un enfant mort-né, avait alerté les enquêteurs. Ceux-ci avaient retrouvé, chez elle à La Queue-lez-Yvelines, un bébé enfermé dans un double sac poubelle.
Vivant à la naissance, le nourrisson, une fille prénommée Marie, est mort asphyxié. L’un des amants de l’accusée, seule partie civile au procès, a reconnu l’enfant. Les enquêteurs avaient ensuite découvert que cette assistante de direction, mère de deux fils majeurs, avait mis au monde fin 2005 un autre bébé, Pierre, déclaré à l’état-civil, dont la trace s’est perdue quatre jours après sa naissance. Sa dépouille n’a jamais été retrouvée.
Aveux
A l’audience, l’accusée a reconnu avoir tué ses deux nourrissons, affirmant ne se souvenir de rien s’agissant de Pierre, invoquant le manque de soins pour Marie qu’elle dit avoir crue mort-née. Décrite comme mythomane, elle racontait à ses amants et à ses proches qu’elle ne pouvait plus avoir d’enfants et qu’elle prenait un traitement hormonal qui la faisait momentanément grossir. Des témoins font état de plusieurs épisodes de prise et perte de poids entre les naissances de Pierre et Marie.
“A-t-elle accouché d’autres bébés qu’elle aurait ensuite fait disparaître?” a interrogé l’avocat général. “Nous n’avons pas d’éléments suffisants pour le dire”. Pour le représentant de l’accusation, l’accusée a pu “refuser de supporter les conséquences de la maternité” mais son discernement n’était pas altéré au moment des meurtres.
Version contestée par ses avocats, Laure Berrebi et Marc Montagnier, qui ont plaidé pour une atténuation de sa responsabilité pénale. Il y a “dénégation de grossesse, ‘Je sais que je suis enceinte, mais je ne veux pas l’admettre'”, “c’est un trouble”, a lancé Me Laure Berrebi.
Me Marc Montagnier s’est lui attaché à décrire une “cassure” dans la vie de l’accusée en 2004, lorsque son compagnon qu’elle disait violent, père de ses deux fils, est décédé d’une crise cardiaque dans leur lit, “cassure qui a permis aux troubles mentaux de Magali Verdu de s’exprimer de façon atroce”.