Ligoté et en slip dehors, un homme de 63 ans brûlé par sa femme et son fils
Mis en examen et incarcérés
Agacés par la vitre d’un poêle de la maison non réparée, les deux individus auraient brûlé plusieurs parties du corps du sexagénaire avec des morceaux de bois embrasés, après lui avoir mis une chaussette dans la bouche. Selon le témoignage de la victime souvent humiliée et violentée par sa femme, ce ne serait pas les premiers sévices subis.
Pour ces actes de violence, la femme et le fils ont été mis en examen dès jeudi, à la sortie du tribunal. Une instruction est ouverte, les deux individus ont été présentés dans la foulée au juge. En attendant la suite de la procédure, ils ont déjà été incarcérés.
C’est une petite bonne femme rabougrie qui comparaît ce jeudi dans le box, flanquée de son fils. Ce dernier, 30 ans, est poursuivi en comparution immédiate pour « violences sur ascendant ». Sur son père, en fait… Elle, 61 ans, pour des violences sur son mari.
La victime, Michel, retraité de 63 ans, n’est pas présente, sans doute encore choquée par la scène d’effroi de ce mardi. Parce que le sexagénaire ne parvenait pas à réparer la vitre du poêle, dans leur maison de Pont-Saint-Vincent (54), son fils est entré dans une colère noire. Il a ordonné à son père de se mettre en slip, l’a emmené manu militari dans le jardin, alors qu’il gelait à pierre fendre, puis l’a assis sur une chaise.
Il a alors ligoté son paternel à un poteau en ciment puis a allumé un feu dans lequel il a longuement chauffé des morceaux de bois. Des morceaux de bois incandescents, véritables tisonniers, avec lesquels il a ensuite brûlé le dos et les bras de la victime… Il avait également pris la précaution de lui mettre une chaussette dans la bouche afin que l’on n’entende pas ses cris. C’est un voisin horrifié par la scène qui a donné l’alerte.
Entendu, Michel a expliqué que ces faits, dans le jardin, se seraient produits à trois reprises, que les violences duraient depuis des années, depuis qu’en 2010, il avait été impliqué dans une affaire de corruption de mineur.
Il a aussi assuré que sa femme, qui l’appelait constamment « Fumier », l’humiliait. Elle le mettait au coin, lui donnait des lignes à copier sur un cahier ou des feuilles vierges, aussitôt détruites. Elle l’obligeait aussi à rester de très longues minutes à genoux, les mains sur la tête. Et elle le frappait, à coups de claques… L’expert psychiatre qui a examiné Michel assure que la victime souffre du « syndrome de Stockholm », une forme d’empathie à l’égard de ses bourreaux. Il souhaite en effet « qu’on les laisse tranquilles, que tout s’arrange ».
Qui orchestrait les violences ?
Avocate de la victime, Me Nataly Maltezeanu a souligné que les faits étaient « gravissimes ». « Ce dossier relève en théorie des assises », glisse-t-elle, préconisant l’ouverture d’une information judiciaire. Une instruction qui pourrait permettre d’y voir plus clair, de dénouer une histoire familiale apparemment complexe, de savoir par exemple qui de la mère ou du fils orchestrait les violences qui pourraient tout à fait être qualifiées d’actes de torture et de barbarie.
Les statistiques de ces dernières années montrent que les parquets sont devenus très frileux en matière d’ouverture d’information judiciaire. Cela s’est confirmé hier. « On sait qui a fait quoi », a glissé le procureur. « Et, de toute façon, à la fin, ce sera correctionnalisé ».
Présidé par Fabienne Nicolas, le tribunal n’a pas eu la même appréciation. Hier soir, la femme de Michel et son fils, assistés respectivement de Mes Alexandre Rolland et Raphaële Jacquemin, ont été présentés à un juge d’instruction et mis en examen. Dans la foulée, ils ont été déférés devant le juge des libertés et de la détention qui leur a signifié leur incarcération provisoire.