Les femmes demandent pardon aux hommes – Stephen Vasey
Les femmes demandent pardon aux hommes
Hanna Milling est une femme allemande de Berlin qui a eu l’étrange bonne idée d’écrire un texte à son homme, aux hommes, pour leur demander pardon.
Hanna est une consultante holistique en médiation de conflits, travaille avec et forme des personnes et des organisations. De son cœur, pour trouver la paix, par intuition et par intelligence émotionnelle elle a écrit un texte d’une page qui s’intitule « From women to men » – « Des femmes aux hommes ».
En le lisant d’abord à son homme, à des amis, à des professionnels qui travaillent avec des garçons et des hommes, elle eut un feedback qui l’étonna. Tous ces hommes furent très touchés, certains aux larmes.
Court extrait :
« Je suis une femme
Qui a été blessée par les hommes.
Les femmes ont été abusées durant des siècles, par des hommes inconscients
Nos blessures ont besoin d’être vues et guéries.
Je suis une femme
Qui a blessé les hommes
Les blessures des hommes ont besoin d’être vues et guéries…
Je rêve d’un moment,
Où nous tous prendrions une responsabilité pour la part de chacun de nous qui participe à ce gâchis…
Que nous puissions revenir dans notre puissance, en assumant notre part de cette bataille.
Et arriver à une fin du cycle de se reprocher et de se blesser
Je commence aujourd’hui…
Aujourd’hui, je suis debout ici en tant que femme, pour présenter à tous les hommes mes plus profondes excuses pour le mal que nous, les femmes, vous avons causé… »
Un soir, dans une scène ouverte lors d’un congrès international, elle décida d’oser rendre publique son texte et elle prit le risque de monter devant le public. Elle avait peur, elle tremblait passablement. Sa peur, étonnamment portait davantage sur la réaction possible des femmes. Allait-elle être « massacrée » par ses sœurs ?
Avant de commencer, elle invita les femmes qui seraient touchées par son texte à la rejoindre sur scène. Elle commença à lire les mots de son cœur. Une parole qui marche, une parole qui fait son chemin et qui touche. Peu à peu, toutes les femmes la rejoignirent sur scène. Peu à peu, tous les hommes de la salle se mirent debout, réceptifs, pour une bonne part avec des larmes dans leurs yeux.
Suite à cet incident, se présenta une cinéaste, des femmes qui voulaient témoigner et un film de 5’ parut en aout 2018, qui devint viral sur la toile. Voir la vidéo ci-dessous.
Ce texte a été écrit juste avant le mouvement Metoo#,[1] mais le film est sorti peu après le début de la vague si importante des révélations de toutes ces femmes abusées et qui enfin, sentaient le soutien et l’écoute indispensable pour commencer à parler.
Si une grande part des réactions fut positive, il y eut aussi déchaînement négatif sur la toile… Des femmes l’accusèrent de trahison, d’être anti-femme, anti-féministe.
Des hommes écrivirent : « trop tard », ou « je ne vous fait plus confiance et cette vidéo est hypocrite ! », « j’ai eu envie de vomir… » etc.
En racontant l’histoire de Hanna à une adolescente, elle eut cette réaction : « mais c’est nous les femmes qui ont été tellement blessées, pourquoi ce serait à nous de demander pardon ? »
Qui doit commencer ?
Pour apaiser et guérir un peu de notre maladresse partagée, il semble très utile et efficace de prendre une responsabilité, reconnaître notre part d’ombre et de comprendre comment nous participons involontairement à ce qui nous fait si mal.
Hanna justement explique dans un interview une conséquence heureuse pour elle et étonnante de ce processus de demander pardon, processus connu d’ailleurs par les thérapeutes de la relation et certains hommes d’église : de demander pardon et de prendre sa responsabilité nous libère, nous aide à sortir du rôle de victime, nous aide à nous remettre debout dans notre intégrité et estime de soi. Si l’ombre de la personne qui m’a blessé m’est très visible, il est vraiment important et guérissant, en tant qu’adulte, que je puisse mieux connaître et prendre la responsabilité de la mienne.
Nous avons besoin de passer à autre chose, revenir dans la vie et oser la vivre. Le pardon nous aide à donner comme auparavant – en anglais, forgive, give like before.