La violence féminine, de la violence à l’amour
Comment parler de la violence des femmes, sans provoquer peur, voir dégoût.
Nous portons tous en nous l’image d’une mère aimante, bienveillante, douée pour l’écoute et les câlins. Reconnaître ce tabou est un passage obligé vers une plus grande responsabilité. Il ne s’agit pas de diaboliser les femmes plus que les hommes. Aucun n’a le monopole de pouvoir basculer un jour dans l’excès. Prenons le temps aujourd’hui d’aider les enfants à se reconstruire, en parlant de ces formes de violences d’autant plus grandes qu’elles sont tenues secrètes, freinant toute tentative de reconstruction. Sur ce sujet y sont opposées la moindre force physique, la mère nourricière, soignante, qui donne la vie, image incompatible avec la cogneuse, la meurtrière, ou la maltraitante. Ces abus entraînent l’enfant dans la confusion, il se met à douter de ses ressentis et préfère les enfermer, n’ayant pas de repères sociaux ou familiaux. Adulte, il préférera croire qu’il a imaginé, ou oublier, plutôt que de revivre ses scènes. Une femme est responsable de 13 % des violences sexuelles. On sait que 80 % des mères qui agressent leurs enfants ont été agressées elles-mêmes. La peur de devenir agresseur à son tour est souvent une crainte réelle chez les victimes. Et c’est peut-être la pire des séquelles : penser que soi-même on pourrait agresser son enfant, croire qu’à notre tour nous voici devenus monstrueux…. infectés par le monstre car nés du monstre, 90 % des personnes victimes d’inceste ne disent jamais rien. Les enfants ont peur de détruire leur famille et préfèrent rester loyaux. Gérard Bonnet, psychanalyste, à propos de la femme incestueuse, précise : « çà nous horrifie, c’est impensable, parce que c’est le tabou, çà touche à ce qui ne devrait pas être ».L’étude de Mathews (1989), sur l’agression sexuelle des femmes a démontré les heurts opposés à cette réalité : « c’est fait gentiment », « cela laisse moins de séquelles psychologiques », «c’est de l’éducation sexuelle ». Le maternage peut être l’occasion de rapprochement lors des fantasmes de la mère, que ce soit par le thermomètre pour vérifier avec excès la température, ou les suppositoires. Martine Nisse, thérapeute familiale, parlent de ces femmes qui attaquent des enfants qui ne sont pas les leurs, et qui ont choisi des professions qui vont leur permettre de les avoir à leur portée très aisément et çà fait voler en éclat toutes les idées reçues et de soi-disant passivité sexualité de la femme.
Les hommes peuvent être aussi les victimes (homme battu ou ayant eu une paternité imposée – Mary Plard) de leurs partenaires, déjouant le mythe de la faible femme. Peu témoignent, car s’ajoute à la honte, la culpabilité, 5% d’entre eux osent porter plainte.
De toutes les violences, celles envers les enfants sont certainement les plus cachées. Les mauvais traitements infligés à ceux-ci sont le fait des mères dans 57 à 61 % des cas selon le Statistical Abstract. La violence des mères sur les enfants est la 1ère cause de mortalité accidentelle bien avant celles des pères. C’est une notion couramment enseignée dans les facultés de psychologie mais qui n’est pas reconnue au niveau social à part dans des affaires médiatisées. La grande différence entre violence physique et psychologique est que la 1ère est plus visible, la 2ème vous oppresse de façon prolongée sans que l’on sans rende compte.
Un esprit abusé devient confus, perd le contrôle de ses fonctions vitales, entre en dépression et développe des pathologies. Beaucoup meurent sans être conscients d’avoir souffert de cette violence. La violence psychologique peut amener la mort aussi sûrement que la violence physique. Noëlle Lamy, psychanalyste transgénérationnelle, précise que «Le commencement d’un être humain c’est le désir, c’est ensuite la conception par père et mère. Suivra le projet parental sur cet enfant à naître. Les mots, les sons accompagneront sa maturité utérine et son prénom. Puis vient la parole, en tant que « Je », la naissance de l’intérieur, du commencement. Dans certaines familles, le bébé arrive non pour un projet de vie de ses parents mais pour combler dans l’arbre généalogique un manque profond, un deuil inachevé, qui peut aller jusqu’à un trou dans la mémoire de l’arbre. Ces enfants là, ont tous en commun une caractéristique: ils sont confiés aux grands parents, pour des raisons diverses: fatigue de la mère, travail, maladie, service aussi. Ce pliage transgénérationnelle entraîne confusion entre qui est la mère, le père, le fils, la fille, les grands parents, jusqu’à ce qu’un membre, refusant cet héritage familial, ne pouvant trouver sa place tant au plan social, familial, professionnel, amoureux, va tenter de comprendre cet imbroglio. Dans de nombreux cas s’écoulent 3 voire 4 générations, on trouve une violence des mères sur les enfants, les siens ou ceux des autres ».
Dolto nous dit «le déni d’une génération fait le délire de la génération suivante». On n’apprend pas à être parent. On le devient grâce à nos enfants. Le documentaire réalisé par JP Igoux, « Pédophilie au féminin : le tabou » a permis de lever une partie du voile. Face aux policiers, aux psys, les victimes doivent affronter un véritable parcours d’obstacles pour être entendues, sinon crues. Ce film démontre à l’appui de témoignages, l’incrédulité face à l’idée qu’une mère puisse abuser de son enfant, et/ou le partager avec son amant, cela entraîne même la suspension de la pensée.
Les blessures causées par les chocs émotionnels déclenchés par plusieurs événements soulèvent une abondance d’émotions souffrantes tellement fortes qu’elles dépassent le seuil de la tolérance du psychisme. L’enfant ou l’adulte pour éviter de sombrer dans l’abîme de la mort ou de la folie va mettre en place des croyances, effacer ses émotions, puis ses sentiments puis son corps. Il n’en reste pas moins que son psychisme a été affecté par les blessures subies, et qu’il en porte encore la marque. “Une femme violente : c’est encore plus difficile à reconnaître, à s’avouer, qu’une femme victime.”
Le livre de Willy Barral « le corps de l’enfant est le langage de l’histoire de ses parents », nous parle de cette nécessité à écouter nos enfants. Dolto disait toujours : « c’est de votre fait mais non de votre faute…et si les symptômes de nos enfants nous inquiètent, c’est bien que notre enfant tente de nous rendre intelligents», et de rajouter « Les adultes veulent comprendre les enfants et les dominer : ils devraient les écouter ». Quand l’enfant fait un « caprice », c’est qu’il est en colère contre sa propre impuissance. Etre parent, une aventure fabuleuse… qui se révèle parfois très éprouvante sur tous les plans. Nos enfants parlent de notre histoire. Nous ne pouvons éviter de nous interroger! Ainsi, accepter de remettre en cause ces actes, c’est ouvrir une porte à la reconstruction. Que ce site www.violencefeminine.com soit un espace de ressources individuelles, spécifiques, réceptacle d’histoires disponibles permettant d’apporter un éclairage à l’ombre dont chacun est porteur pour devenir pleinement vivant(e)s.
Merci à tout un chacun de partager, d’informer.
Dominique Mathey -Psychogénéalogie – Aromathérapie