La vérité sur la violence féminine
En France, les femmes représentent un criminel sur dix. Si elles sont moins impliquées dans les cas les plus graves, il n’en demeure pas moins qu’on les retrouve aussi dans des affaires de maltraitance psychologique, de violences conjugales et même de meurtres. Plus difficile à entendre pour la société, elles peuvent également être auteures d’inceste ou d’infanticide. Docteur en médecine et docteur en droit, la psychiatre Liliane Daligand, experte judiciaire, a voulu lever le voile sur ces actes barbares. Dans son livre « La violence féminin” (édition Albin Michel), elle tente de décrypter les ressorts d’une criminalité encore taboue.
- La violence des femmes en France, quelle réalité ?
- Une violence qui se répète dans les schémas familiaux
- Une revendication de toute puissance chez les femmes violentes
- Une violence psychologique caractéristique chez les femmes
- L’inceste chez les femmes, un crime insupportable pour la société
- Violence féminine : le cas des bébés congelés
- La violence chez les adolescentes
La violence des femmes en France, quelle réalité ?
Entre 1946 et 2010, la population féminine pénale a fortement chuté : elle est passée de 18,2 à 3,4 %. Mais si les incarcérations ont diminué, on observe en revanche que la violence chez les adolescentes connaît une forte augmentation ces dernières années. “Depuis 1996, la courbe des mineures mises en cause par la police et la gendarmerie a grimpé trois fois plus vite que celle des garçons : plus 133 % contre plus 40 % pour les mineurs masculins”, explique Liliane Daligand. Toutefois, force est de constater que les femmes sont généralement moins représentées dans les cas de criminalité les plus graves, à l’image par exemple des braquages.
Cette diminution de la population carcérale démontre-t-elle que la délinquance des femmes a changé ? Les magistrats sont-ils devenus plus indulgents ? Pour la spécialiste, il est bien difficile de donner une seule explication. Pour autant, Liliane Daligand, qui expertise régulièrement des criminelles, observe que la justice est généralement plus clémente avec les femmes, “comme si seuls les hommes pouvaient être d’une extrême violence”.
Une violence qui se répète dans les schémas familiaux
Les hommes sont-ils effectivement plus prédisposés à la violence que les femmes ? Pour la psychiatre, il n’existe pas un gène de la violence qui serait du côté du masculin. “On pourrait peut-être donner une explication hormonale, mais je pense que la biologie n’explique pas tout”, affirme-t-elle.
Pour la spécialiste, les racines de cette violence sont plutôt à trouver du côté de l’éducation, avec souvent un passage du statut de victime à celui de bourreau. “Il peut il y avoir une reproduction de schémas familiaux avec une identification à un père ou une mère violente, ou encore de lourdes carences parentales avec des enfants maltraités, placés, négligés par leurs parents. Cela peut alors donner des femmes profondément immatures”, soutient la spécialiste. Toutefois, Liliane Daligand estime que les parcours de maltraitance sont des facteurs de risques, mais qu’ils ne justifient en rien le passage à l’acte, car “l’être est toujours en capacité de résister à la tentation de la violence”.
Une revendication de toute puissance chez les femmes violentes
Selon Liliane Daligand, la seconde grande explication se trouve dans la volonté de toute puissance de ces femmes. “Elles se veulent à égalité avec les hommes, voire même les dominer. Inconsciemment, elles aimeraient être dotées de ce fameux organe de la puissance qui est le phallus”, explique la psychiatre. Une figure que l’on peut observer dans les romans ou les contes, à l’image du personnage de Folcoche, dans Vipère au poing, ou encore de la fée Carabosse.
Cette explication est d’autant plus vraie dans les cas d’hommes victimes de violences dans le couple, qui sont près de 10 000 chaque année, et 30 à décéder sous les coups de leur femme. Bien souvent, les femmes n’hésitent pas à se faire passer pour des victimes auprès de la police, qui peut avoir du mal à accepter que la violence puisse s’exprimer de la femme sur l’homme. “J’ai connu le cas d’un homme qui malgré 5 certificats médicaux, n’a pas réussi à se faire entendre par la police”, se souvient Liliane Daligand.
Une violence psychologique caractéristique chez les femmes
Dans le couple, la violence des femmes s’exerce souvent d’un point de vue psychologique, avec “un mépris total de l’homme et une disqualification du père auprès des enfants, qui ne peut alors plus exercer sa fonction paternelle”, soutient la psychiatre.
Cette violence psychologique se retrouve aussi au travail, avec par exemple des cas de harcèlement moral, comme l’illustre très bien le film Le diable s’habille en Prada. A l’école aussi, et surtout depuis l’explosion de l’utilisation des réseaux sociaux, la violence psychique est devenue un véritable fléau. “Pour les victimes, c’est très dur à vivre. Ce n’est d’ailleurs pas parce que le harcèlement s’arrête que les symptômes cessent. Les victimes y laissent souvent leur santé et ont beaucoup de mal à se relever. Certaines passent même à l’acte et se suicident”, affirme la spécialiste.
L’inceste chez les femmes, un crime insupportable pour la société
Les violences faites aux enfants sont sans doute les plus difficiles à supporter pour la société, et aussi pour la justice. Pourtant, les cas d’inceste existent, et l’experte en a rencontré dans sa pratique. “Comme la femme n’a pas de pénis et qu’il est perçu comme naturel qu’elle dorme avec son enfant, on a du mal à l’imaginer perpétrer de tels actes. J’ai le souvenir d’une affaire où il a fallu que des enregistrements vidéos chocs soient révélés pour que le magistrat puisse prendre la mesure de l’accusation” se remémore Liliane Daligand. Il existe aussi des cas proches de l’inceste, où des “hyper mères” vérifient en permanence tous les orifices de leur enfant, sous prétexte d’hygiène. Dans ces cas, “les mères perçoivent souvent leur enfant comme une extension d’elles-mêmes. On observe alors généralement une éviction du père et une volonté de garder l’enfant juste pour elles. C’est comme si elles pouvaient « se nourrir » de la vie de leur enfant”, explique la psychiatre.
Enfin, l’indifférence à l’égard de l’enfant fait aussi partie des pires violences pouvant être infligée. “L’enfant n’est plus. Il ne peut pas construire son identité car le regard de la mère est essentiel. Cela s’observe dès les premiers jours de la vie du bébé qui regarde le visage de sa mère lorsque celle-ci le nourrit”, poursuit Liliane Daligand.
Violence féminine : le cas des bébés congelés
Les cas d’infanticide perpétrés par des mères sont de plus en plus relayés par les médias. Tout le monde se souvient de l’affaire Courjault et des bébés congelés. Depuis, d’autres affaires de ce type ont émergé, avec certaines constantes, comme le fait de laisser la possibilité à un tiers (souvent le père), de retrouver le fœtus congelé. Le soutien indéfectible du mari de Véronique Courjault avait d’ailleurs défrayé la chronique. Il soulevait la question de la possibilité pour elle d’être une “bonne mère” envers les enfants restants, malgré l’ignominie de l’acte. “Dans ces cas, on est aussi souvent dans la volonté de puissance de la mère, avec cette possibilité de transmettre la vie ou la mort. Le fait de congeler les bébés n’est pas anodin. Il y a une revendication d’éternité pour eux”, explique la spécialiste.
La violence chez les adolescentes
La violence des adolescentes connaît également une forte progression ces dernières années. “Est-ce une façon pour les jeunes filles de se revendiquer les égales des garçons, d’avoir leurs qualités et leurs défauts ?” s’interroge Liliane Daligand. Qu’il s’agisse de cas de harcèlement scolaire ou même de viol collectif, les filles peuvent être des meneuses de bande, et s’en prendre même à des amies. Si cette violence n’est pas prise en charge, elle va devenir une forme de drogue, d’addiction, estime la spécialiste. D’après elle, la prévention est essentielle dans ce domaine. “Aimons nos enfants, soyons dans la parole et la bonne éducation. Nous devons les aider à s’émanciper, et ne pas les garder pour nous. En somme, leur donner des racines et des ailes !”, conclut la psychiatre.
Créé le 25 avril 2017