À la barre du tribunal correctionnel, la femme, âgée de 39 ans, est d’un calme olympien. Une attitude qui tranche totalement avec celle décrite par sa fille de 17 ans.
La mère de famille, alors en instance de divorce, a déjà été condamnée, en 2014, pour avoir mordu son fils de 7 ans au nez et au front.
Le sursis avec mise à l’épreuve lui interdisait d’entrer en contact avec son mari et ses deux enfants, qui vivent dans une commune de l’arrondissement de Chartres.
Malgré cette interdiction, elle décide de s’y rendre, le 23 octobre au matin. Elle explique, d’une voix détachée : « Je ne comprends pas pourquoi on m’interdit de voir mes enfants. Je voulais les kidnapper. » Mais ni son fils, ni sa fille n’avaient l’intention de suivre leur mère, décrite comme psychologiquement instable par le psychiatre.
La femme parvient à pénétrer dans la maison. Sa fille raconte : « Elle était en furie. Elle m’a dit de préparer mes affaires et celles de mon frère et qu’elle allait nous emmener. »
Elle braque un fusil-mitrailleur sur les gendarmesL’adolescente refuse. Sa mère la gifle, la griffe, lui tire les cheveux et la projette contre un mur. A la barre, elle confesse : « C’est vrai que je ne me suis pas contrôlée et que j’ai peut-être été un peu loin. » Mais elle persiste à qualifier ses actes de violences envers sa fille de simples « chamailleries »
Après l’altercation, elle descend à la cave du pavillon. Alors que sa fille appelle la gendarmerie, la mère découvre un fusil-mitrailleur. L’arme est démilitarisée, mais elle est la seule à le savoir. Elle sort et braque l’arme en direction des gendarmes. L’un d’eux confiera peu après : « On aurait pu lui tirer dessus ».
La femme a été interpellée quelques minutes plus tard, alors qu’elle était revenue dans la maison : « Je voulais voir les cahiers de classe de mes enfants. »
Devant les juges, elle n’en démord pas : « Je sais que je n’ai pas le droit de les voir. Mais je ne comprends pas pourquoi. Pour une mère, c’est trop dur ».
Elle est condamnée à dix-huit mois de prison, dont six ferme. La présidente explique : « Vous êtes en récidive de violences. La loi nous oblige à décerner un mandat de dépôt, sauf si nous trouvons dans ce dossier des éléments nous permettant d’éviter l’incarcération. Dans votre cas, nous n’en avons pas trouvé. »
Totalement stupéfiée, encadré de deux policiers, la mère de famille a été conduite en prison à l’issue de son procès.
Jacques Joannopoulos