La maltraitance émotionnelle
La maltraitance émotionnelle a des conséquences très négatives sur le développement de l’enfant. Qu’entend-on par maltraitance émotionnelle ?
La maltraitance émotionnelle est définie comme :
- tout comportement ou parole qui rabaisse l’enfant, le ridiculise, le critique, le punit, lui procure un sentiment d’humiliation, de honte,
- tout ce qui lui fait peur ou le terrorise.
Maltraiter l’enfant émotionnellement, c’est aussi :
- ignorer l’enfant ou ne pas répondre à ses besoins d’affection, de soin, de protection,
- le rejeter,
- l’isoler, le priver de liberté, ou d’interactions sociales,
- négliger les soins à lui apporter et ses besoins éducatifs,
- le laisser assister à des violences conjugales (Hornor, 2012).
Les recherches sur les conséquences de la maltraitance émotionnelle sont de plus en plus précises
En 2014, Martin Teicher, chercheur à Harvard, étudie les conséquences de la maltraitance dans l’enfance, dont la maltraitance émotionnelle sur le cortex cérébral et les réseaux neuronaux. Un grand nombre de circuits cérébraux particulièrement importants sont altérés, ce qui peut conduire à de nombreuses pathologies comportementales et psychiatriques : agressivité, anxiété, dépression, troubles dissociatifs (dépersonnalisation, troubles de l’identité), somatisations (manifestations corporelles d’un conflit psychique).
En 2014, Anne-Laure van Harmelen, chercheuse hollandaise, montre que la maltraitance émotionnelle sévère chez l’enfant affecte le fonctionnement du cortex orbito-frontal et augmente le risque de développer de véritables maladies psychiatriques comme des dépressions graves et des anxiétés pathologiques.
Les paroles humiliantes, méprisantes : « Tu es nul. Tu n’arriveras jamais à rien. Tu écris mal. Tu rates toujours tout », etc. ont des effets très nocifs sur le développement du cerveau de l’enfant et sont la source de beaucoup de troubles du comportement. (Choi 2009, Teicher 2006, 2010, Tomoda 2011, Van Harmelen 2010, 2014.)
En 2014, Ming Wang, chercheuse à Pittsburg, étudie 976 adolescents qui ont subi une discipline verbale sévère à l’âge de 13 ans. Les parents veulent corriger un comportement qu’ils trouvent inadéquat et le font en criant, en injuriant leur enfant, en le traitant de débile, de paresseux, d’incapable, de nul. Dans cette étude, les mères utilisent davantage cette discipline verbale que les pères.
Ming Wang montre que les mots durs, sévères à l’adolescence ont des effets désastreux et conduisent encore une fois à l’inverse de ce que les parents souhaitent. Les problèmes de comportement augmentent. Les adolescents deviennent de plus en plus indisciplinés à l’école, mentent, parfois volent ou agressent. De plus ils sont sujets à des dépressions. La chercheuse constate que même si l’un des parents est chaleureux, il ne compensera pas l’effet délétère de ces paroles, de ces cris.
Toujours en 2014, Ann Polcari, chercheuse à Harvard, a étudié cette même problématique sur 2 518 personnes de 18 à 25 ans. Elles ont été exposées durant leur enfance à la fois à une discipline verbale sévère et aussi à des mots chaleureux et soutenants. Elle constate qu’avoir subi des humiliations verbales provoque de très nombreux troubles du comportement, beaucoup de souffrances : de l’anxiété, de l’agressivité, de la dépression, des somatisations. Elle souligne que ces conséquences ne sont pas atténuées malgré les compliments, les mots encourageants prononcés par ce même parent ou par l’autre parent.
Une éducation sévère, punitive, amène l’enfant et l’adolescent à devenir insensible, agressif
En 2013, Rebecca Waller, de l’université d’Oxford, a fait le bilan de 30 études sur les éducations punitives et sévères. Elle conclut que les effets sont déplorables et totalement contraires au but recherché par les adultes. Ce type d’éducation n’améliore pas du tout l’enfant et l’adolescent, au contraire, elle les rend insensibles, durs, sans empathie et débouche souvent sur des conduites antisociales (agressivité, vol, drogues).