La honte d’Annie Ernaux
La vie de la narratrice se compose de deux époques : “avant” le mois de juin 1952 et ce dimanche maudit lorsque “mon père voulut tuer ma mère”, et “après”, avec cette vie bouleversée et ce temps passé dans l’angoisse de la prochaine dispute. “Après, ce dimanche-là s’est interposé entre moi et tout ce que je vivais comme un filtre.” Servie par une écriture imagée tissée d’expressions populaires, Annie Ernaux raconte le temps jadis avec son père et sa mère et leur bistrot-épicerie dans un petit village de Normandie : la messe, la robe du dimanche, sa grand-mère, l’oncle Joseph, la balançoire géante, ses cousins, les trains vers Le Havre… Au centre de ce court récit, les années 51-52, la faillite de ses parents, les difficultés d’argent et “la honte devenue un mode de vie.” Un texte tendre, extrêmement attachant.