La haine des femmes
Plus j’y pense et plus je ressens que la haine ressentie et transmise par des femmes est un fléau.
La première fois que j’ai entendu cette idée, c’était un homme qui s’exprimait, je n’ai pas véritablement compris. Ce n’était pas entendable, c’était la haine ENVERS les femmes ! Pas EMISE par les femmes ?
J’ai réécouté et il parlait bien de la haine émise par les femmes. Et je ne comprenais toujours pas, j’entendais seulement.
Puis j’ai ressenti et compris que ma mère avait de la haine en elle, ma grand-mère paternelle aussi, qui pilotait ma sœur aînée « 4ans1/2 d’avance sur moi ! » (c’était le 9 avril 2021)
J’ai donc baigné dans cette « haine des femmes » depuis ma naissance, et même un mois avant, si j’en crois la « légende familiale » selon la quelle mon grand-père maternel, 15 jours avant sa mort, aurait demandé « comment va la petite fille ? »
Je suis née 15 jours en avance, 15 jours après son décès.
Est-ce pour cela que je me suis toujours sentie « en marge » ? Je ne pouvais accepter que la vie soit comme je la percevais au travers du prisme familial : froide, étriquée, semée d’obligations non justifiées (et à mes yeux injustifiables)…
J’ai été tentée par la haine, moi aussi, quand j’étais désespérée, j’aurais bien voulu être « une vraie salope », mais je n’ai jamais réussi ! Du moins pas assez à mes yeux !
C’est véritablement tout qui se retourne avec cette prise de conscience.
Et je comprends certaines réflexions sur le viol, l’avortement, le féminisme… C’est une vision du monde qui bascule ; le féminisme, fumer, faire un stage FPA de menuiserie, ont été des étapes de ma construction en rupture avec les injonctions familiales ; mais le malaise persistait.
J’ai continué mon chemin en créant un couple boiteux, dans lequel je ne sais pas s’il y en avait un pour racheter l’autre dirait-on, et je me suis entêtée 30 ans ! Avant de lâcher et de continuer mon chemin vers la santé dont je savais intuitivement qu’elle était globale, je pense depuis toujours, mais plus particulièrement depuis mes 17ans (j’en ai aujourd’hui 71) et un cours de philosophie sur la psychanalyse.
Je sens bien que cette compréhension nouvelle est un tournant, j’ai l’impression d’une détente très profonde qui prend place avec quelques courbatures et fatigues passagères. Quel soulagement !
Je vais peut-être enfin pouvoir danser avec les autres ! Et parler !
La haine des femmes est aussi une haine envers elles-mêmes, envers leur essence même, c’est en quelque sorte une maladie auto-immune ! Vertige …
La haine émise par les femmes crée une atmosphère toxique, dans laquelle nous baignons, ce qui la rend tellement difficile à voir. Elle est peut-être à l’origine de la folie de notre société ?
C’est de cela que parlait cet homme que j’ai cité au début.
La question qui me vient alors est : Qui n’est pas concerné, quelle proportion de la population ? Et là encore Vertige …
N. D.
Bonjour Madame N.D.,
merci pour votre honnêteté. Merci pour votre témoignage. Je crois aussi que l’atmosphère toxique peut être maintenu par des femmes (pas toutes, on s’entend!).
On entend parler de masculinité toxique et voici ce que j’aimerais vous dire.
Il m’arrive de penser que tout est de ma faute. Je me sens coupable, en tant qu’homme: j’ai peur d’être responsable de tous les maux sur Terre. Ces sentiments me font penser à des choses que j’aurais aimées faire autrement, je regrette de n’avoir pas pu faire. J’ai des remords, je me morfonds.
La haine veut mettre loin ce qui nous répugne: la haine veut mettre loin le détestable le plus loin qui soit. Je crois qu’il n’y aurait pas de haine sans culpabilité, je crois que je veux d’abord trouver quelqu’un à condamner pour les choses que je veux imaginer loin de moi. Mais il m’est arrivé d’intimider et de moquer des gens. Cela a causé du tort et j’en suis responsable, car j’ai causé des risées qui ont pu avoir des effets néfastes sur autrui. Je ne le fais plus maintenant. Mais je sais que ma conscience n’est pas et ne sera plus jamais tranquille, car j’aurais aimé ne pas causer de torts à autrui.
On peut haïr les hommes pour avoir fait du mal, on peut haïr des femmes pour avoir fait du mal. On peut s’haïr pour avoir fait du mal. Et il n’y a que nous qui puissions se pardonner ce sentiment de culpabilité et ainsi guérir notre propre haine. Cela laisse la consicence intranquille, mais au moins, on a moins de haine à porter et la conscience d’être dirigé vers le bien.