Je suis un homme victime de viol conjugal
Témoignage sur site Madmoizelle.com
Doug a été victime de viol conjugal, une réalité encore tabou tant certains stéréotypes sur les hommes sont forts.
Un début est toujours un moment important, à ne pas négliger, et je me suis longuement demandé comment entamer ce témoignage. J’ai finalement choisi cette simple phrase :
« J’ai été violé. »
Il m’a fallu longtemps pour le savoir, le comprendre, l’admettre. Parce que je suis un homme. Parce que la coupable était une femme. Parce qu’il n’y a pas eu de violence physique. Parce que nous avons vécu une longue histoire ensemble et qu’elle était ma compagne. Parce qu’on dit qu’un homme a toujours envie.
Quand on n’a plus envie
C’est cette phrase qui a tout déclenché. Nous étions jeunes, j’avais 22 ans, elle 19, nous avions l’insouciance et la sexualité débridée qui vont avec ; nous avions ce petit rituel qui consistait à nous sauter dessus sous la douche pour terminer, à peine séchés, sur le canapé, le lit ou le sol.
Et après six mois, le drame. Malgré les baisers tendres et les câlins, un jour l’envie ne venait pas. Lassitude d’une routine, manque de sommeil, soucis professionnels… Je me rends compte en écrivant ces mots que je n’ai pas encore abordé le problème que je cherche déjà à me justifier, comme si j’étais fautif. Alors peu importe.
J’ai gentiment expliqué à ma compagne que je n’étais pas d’humeur. Ce furent des cris, des larmes, des récriminations. Je ne l’aimais plus, je me cherchais des excuses pour ne plus coucher avec elle parce que je la trouvais trop moche et grosse.
J’ai alors tenté de lui expliquer que ça n’avait rien à voir, que je n’étais simplement pas dans le bon état d’esprit, pas d’humeur, qu’elle n’avait rien à se reprocher.
Vint l’argument massue :
« Mais c’est pas possible, un mec ça a toujours envie ! Et si tu m’aimais vraiment tu banderais rien qu’en me voyant nue ! »
J’ai donc essayé de lui dire. Que non, un homme n’a pas envie 24/24h. Que non, aimer une femme ne veut pas dire bander juste en voyant son décolleté. Que oui, parfois j’avais envie d’autre chose que de m’envoyer en l’air.
Mais elle ne m’écoutait déjà plus, elle en était à crier qu’elle allait se suicider parce que je ne l’aimais plus et n’avais plus envie d’elle.
Je l’ai alors prise dans mes bras pour la calmer, la rassurer. Et au milieu de ses pleurs, elle a commencé à m’embrasser, me caresser, à placer sa main sur mon entrejambe. Réflexe naturel, j’ai eu une érection. Elle m’a enjambé, introduit en elle.
Et pendant tout l’acte, je me suis demandé ce que je faisais. Je n’en avais pas envie, je n’étais pas excité, je ne VOULAIS pas faire ça, et surtout pas comme ça. Pour la première fois de ma vie, nos sécrétions me paraissaient dégoûtantes, je me sentais atrocement sale.
J’ai essayé de relativiser. C’était ma compagne, je l’aimais, je la savais un peu fragile psychologiquement. J’ai même fini par me convaincre qu’il n’y avait rien eu là d’autre qu’une relation entre adultes consentants et que j’aurais dû avoir honte de moi rien que pour m’être senti mal à l’aise.
Le « devoir conjugal » frappe les hommes aussi
Mais les choses ne se sont pas arrangées par la suite. Mon désir pour elle s’est émoussé à l’aune de cette fois-là, contrairement au sien ; chaque fois que je repoussais ses avances, le même cinéma recommençait et je finissais par céder.
Parce que j’étais paralysé lorsqu’elle s’asseyait sur moi, pour qu’elle me fiche la paix, parce que je me levais tôt pour travailler et qu’elle ne m’aurait pas laissé dormir sans une partie de jambes en l’air avant et que je m’évitais de longues heures de dispute stérile et inutile, parce que je n’aurais jamais pu la convaincre que ne pas avoir envie n’était pas un avis de rupture…
Et puisque je ne pouvais pas me soustraire à cet ignoble « devoir conjugal » sans encourir larmes, cris et menaces de suicide, j’ai tout fait pour contourner. Ma sexualité a pris un tour malsain, de plus en plus pornographique. J’espérais la dégoûter, mais pris à mon propre piège, c’est moi qui me trouvait écœuré par mon comportement alors qu’elle-même n’y trouvait rien à redire. Sa libido s’en trouvait même renforcée, sans limites. Elle pouvait ainsi exiger que nous le fassions pendant ses règles et refuser m’exposait en plus à des railleries du type « tu parles d’un mec : tu peux même pas supporter un peu de sang ? ».
Je n’osais plus la regarder pendant l’acte, essayais d’abréger le plus vite possible, je simulais parfois l’orgasme pour y mettre fin au plus tôt. Je me masturbais cinq fois par jour, sans la moindre envie, au point de me faire mal, de me laisser des lésions, simplement en espérant avoir une panne, pour que, malgré ses caresses, aucun réflexe ne vienne légitimer ses ardeurs. En pure perte : je n’y ai gagné que des mycoses qui avaient au moins le mérite de m’accorder trois jours de répit.
En désespoir de cause, je me suis remis à fumer après avoir lutté deux ans pour arrêter, je buvais plus que de raison tous les soirs, et j’ai fini par me faire virer de mon travail pour avoir débarqué plusieurs fois encore ivre de la veille. En l’espace de six mois, j’ai pris plus de vingt kilos. Mais rien n’y a fait, ses envies étaient toujours aussi fortes et moi, je n’arrivais toujours pas à m’y opposer, je finissais toujours par céder à ses caprices.
Le pire dans tous ça, c’est que je me sentais terriblement coupable. Coupable de la rejeter, de n’avoir pas envie d’elle autant que je l’aurais dû. Coupable de trouver tous les subterfuges pour me soustraire à elle. Coupable d’entretenir une liaison platonique avec une autre qui, si elle ne passa jamais le stade du baiser, m’offrit autant de soulagement que de remords. Coupable de ne plus savoir si je l’aimais ou non, mais d’être pourtant trop effrayé par la solitude pour la quitter. Coupable, enfin, pour chaque fois où j’ai eu envie, parce que je savais que je n’améliorais pas les choses.
Parce que je suis un homme, et qu’il paraît qu’un homme a toujours envie. Parce qu’un homme qui n’a pas envie de baiser doit avoir un sérieux problème psychologique.
La prise de conscience
J’ai fini par la quitter après avoir passé la nuit avec une inconnue rencontrée dans un bar. Où j’ai compris que ma sexualité et mon couple n’avaient plus rien de sain depuis bientôt deux ans, compris que je pouvais encore plaire aux femmes, compris que si une fille que je connaissais depuis trois heures pouvait montrer plus de respect et de douceur que celle qui partageait ma vie, c’est qu’il y avait un sacré souci. Compris qu’il n’y avait pas de fatalité et que je n’avais en définitive pas grand-chose à faire pour m’en tirer.
Lors de la rupture, j’ai simplement dit avoir couché avec une autre fille et avoir ainsi réalisé ne plus être amoureux – ce qui, au moment où c’est arrivé, constituait la pure vérité.
Il m’a fallu de nombreux mois après ça pour retrouver une vie plus saine, et j’ai mis des années à effacer toutes les séquelles.
J’ai arrêté de fumer, je ne bois plus qu’avec modération (une bière à l’apéro, un verre de vin au repas, mais seulement quand il y a du monde, jamais seul ou à deux), je fais du footing avec régularité.
Côté séquelles, les mycoses à répétition que je me suis provoqué ont fini par laisser quelques traces sur le pénis (des micro-cicatrices à force de gratter pendant le sommeil), mais c’est surtout du côté psychologique que cela a été difficile. Il m’a fallu pas loin de deux ans pour retrouver une sexualité et une relation stables.
J’avais beaucoup trop peur de m’engager, de revivre la même chose ; du coup je n’ai pas eu le comportement le plus sympathique qui soit avec mes partenaires, et elles m’ont souvent reproché mon détachement ou une manière trop « mécanique » de procéder. Avec le recul, je me rends compte que j’agissais vraiment comme un robot sans âme, mais avec un pénis qui DEVAIT servir (parce que « je suis un homme après tout »…).
Il y a aussi le doute, qui a commencé dès le départ et continue encore aujourd’hui à me hanter : est-ce que je ne m’imagine pas des choses ? Est-ce que ce n’est pas plutôt moi qui me fais des films ? Qui ne suis pas normal ? On essaye de relativiser, mais il subsiste toujours ce petit relent nauséabond…
Et surtout, il y a la perte totale de confiance en soi. Il m’a fallu des mois, sinon des années, pour me croire à nouveau capable de faire quelque chose de ma vie, de mon être. Encore aujourd’hui, sans ma compagne pour me soutenir, j’aurai du mal à avancer dans la vie.
Je n’ai d’ailleurs raconté ce qui est arrivé qu’à elle, et je pense qu’elle sera la seule à qui je raconterai jamais ce calvaire. Je pourrais trouver toutes les excuses que je veux (ils n’ont pas à savoir, ça ne regarde que moi, c’est du passé, etc.), la vérité est que j’ai peur de leur réaction. Même si le plus dur est derrière moi, je ne suis pas encore prêt à entendre mon meilleur ami ou mon frère dire que j’exagère, que j’aurais pu me défendre ou ce genre de bêtises.
À lire aussi : Témoignage – La vie sexuelle après un viol
Mon viol, et le policier qui a tout aggravé
J’ai juste pu parler du fait qu’il y avait eu des problèmes dans la relation avec mes parents et amis — enfin, ceux avec qui j’ai gardé le contact, toute cette histoire n’ayant pas forcément amélioré mon tissu social. Tout le monde savait qu’un truc clochait, mais ils mettaient ça sur l’instabilité psychologique et le côté tyrannique de mon ex ; je n’ai rien fait pour les détromper (après tout, ils n’ont pas totalement tort).
Aujourd’hui, j’ai retrouvé du travail dans le social, je suis pacsé depuis un peu plus d’un an et j’attends mon premier enfant. C’est mon actuelle compagne qui m’a aidé à mettre un nom sur ce qu’il m’était arrivé. Un nom que je n’aurais jamais envisagé et qui, pourtant, m’a semblé une évidence.
« Viol conjugal. »
Merci beaucoup pour votre témoignage, qui m’aide moi aussi à me poser des questions, à revisiter des moments douloureux que l’on enferme dans les rebuts du déni.
Cette tyrannie du “un homme, ça a toujours envie” est réelle. Je l’ai connue aussi.
Je n’ai pas osé dire trop de fois que je n’avais pas envie. Les rares fois où je l’ai fait, ça a été une nuit blanche à subir la colère et la culpabilisation de ma conjointe. Pour finir à lui fournir ce qu’elle voulait, non qu’elle en ait encre envie, mais par principe.
La culpabilisation… grande arme sur ce sujet là.
Nous devons déculpabiliser les hommes. C’est un travail d’une très grande ampleur.
Après, je n’ai plus jamais osé dire que je n’avais pas envie. J’avais peur. Tellement peur.
Par contre elle, s’octroyait évidemment ce droit. En tout cas à l’époque où j’avais encore envie d’elle.
Cette dissymétrie socialement convenue est source de tyrannie : la femme est légitime de ne pas avoir le désir de l’acte sexuel, l’homme n’est pas légitime car, comme vous le dites “il a toujours envie”.
Mais pour moi. C’est allé bien au delà.
En 2010.
J’ai pris conscience de la nature pathologique et dangereuse de ma relation conjugale. J’ai fui, mais comme je l’ai expliqué dans mon témoignage, je suis revenu.
Je lui ai fait promettre 3 choses en revenant :
1. Me laisser avoir un téléphone portable
2. Me laisser maintenir un lien avec ma famille
3. Ne pas faire de 3° enfant
La 3° condition était liée au fait que j’aimais trop mes enfants pour leur fournir un couple parental aussi pathologique. Mon rêve a toujours été d’avoir une grande famille, mais pas comme ça.
Elle a évidemment acquiescé sur tout comme s’il s’agissait d’évidence.
J’ai demandé à ma famille de me tirer la sonnette d’alarme si jamais cela n’était pas respecté.
Ils m’ont répondu : “la sonnette d’alarme, on te la tire tout de suite. Tu sais parfaitement qu’elle ne respectera aucun de ces engagements, et qu’une fois retourné dans ses filets, on pourra tirer toutes les sonnettes que l’on veut, tu seras emprisonné”.
Evidemment. Ils avaient raison.
2 mois après, mon portable était devenu le sien.
4 mois après, elle me faisait porter plainte contre mon gré contre ma soeur qui avait prévenu, à juste titre, les gendarmes car je lui annonçais mes pensées suicidaires à cause de la souffrance et l’impasse conjugale.
12 mois après, elle était enceinte.
Le stade ultime du devoir conjugal perverti, c’est que l’homme n’a pas le droit de refuser de faire un enfant à une femme.
Je ne voulais pas. Mais je savais que si je le disais, ce serait une grande débauche de violence. J’avais tellement peur.
Elle m’a forcé à lui faire un troisième enfant.
Prologue 1.
Lorsque j’en ai parlé à l’enquêtrice sociale, lors de la procédure aux Affaires Familiales, elle s’est ri de moi en m’accusant de raconter des choses aberrantes pour me victimiser et faire passer la pauvre mère pour le bourreau qu’elle n’est pas. Son rapport a décrit ceci en le tournant de manière ridicule et accusatrice.
J’ai eu très honte.
Très honte de l’avoir dit.
Lors de la médiation familiale qui s’ensuivit, à ma demande, mon ex-conjointe m’a accusé d’avoir dit ça. Face au regard féminin de la médiatrice familiale, peu amène à mon endroit d’homme, j’ai baissé les yeux et nié.
Prologue 2.
Ce troisième enfant est une fille.
Que j’ai aimée dès ses premiers coups de pieds dans le ventre de sa mère. Que j’aime plus que tout.
violé par plusieurs femmes.
Ce n’est pas un phantasme.
Lorsqu’une femme abuse de toi dans ton sommeil, lors de ton réveil (banbou dur) alors que que tu dis non, je n’en peux plus, qu’elle insiste, c’est pas du viol ça ?
Tu dis non mais elle fait !
Lorsque des femmes te mettent une main au cul, une claque sur les fesses, vous les femmes, vous portez plainte, mais les hommes ^^