Femmes fatales
Un exemple de viol féminin d’un homme dans Femmes fatales, de Michèle Agrapart-Delmas
Une de mes clientes n’a-t-elle pas tué son mari d’un coup de fusil dans le ventre ? Il n’avait comme tort que celui d’exister et d’être devenu l’objet de sa femme. Il faisait toutes les tâches ménagères en rentrant du travail tandis qu’elle passait ses journées à la maison devant la télévision. Il a un jour décidé qu’il ne serait plus ” chosifié ” par sa femme. Elle le frappait parfois quand il lui refusait de l’argent, mais surtout le violait assez régulièrement avec ce qui lui tombait sous la main. Elle dira par la suite : ” Cela lui plaisait, et faisait partie de notre sexualité qui était chaude… Il en redemandait. ” Il commençait à souffrir de fistules, béances et troubles sphinctériens.
Il avait en vain tenté de porter plainte ou plutôt de se plaindre auprès de la maréchaussée qui l’avait écouté poliment mais avec cependant un sourire un peu goguenard. Il n’avait pas osé y retourner et disait à son médecin qu’il était constipé, avait des hémorroïdes, et parfois demandait simplement à l’un ou l’autre pharmacien des pommades pour les hématomes et des cachets pour la douleur.
Un jour, il a refusé ces relations sexuelles imposées et devenues douloureuses. Furieuse, sa femme s’est sentie dépossédée de son objet sexuel, le conflit verbal a été violent et suivi d’un pugilat. Elle est alors allée chercher le fusil sur l’armoire, lui a posé un ultimatum et devant la persistance de son refus, elle lui a tiré un coup de fusil dans le bas-ventre.
Elle s’est positionnée en victime aux Assises, elle a donné de son mari une image tellement négative mais pas vraiment fausse, que ses beaux-parents ont, en larmes, quitté la salle d’audience et ne sont jamais revenus. Elle n’a rien regretté et n’a exprimé que mépris pour sa victime, le traitant de ” mauviette ” et de ” pauvre type minable “. Elle a été condamnée à quinze ans de réclusion criminelle.
Michèle Agrapart-Delmas. Femmes fatales. Les criminelles approchées par un expert. Max Milo, 2009, p. 202-3 L’auteure est criminologue, expert agréé auprès de la Cour de cassation et la cour d’appel de Paris.