Et pourtant je l’aime…inceste mère/bébé
Je ne souffre pas de flashes parce que cela m’est arrivé avant la mémoire.
Ma mère est aveugle, de coeur s’entend, elle ne voit pas l’humanité dans les personnes. Encore moins, dans un enfant. je crois qu’elle ne sait tout simplement pas ce que cela signifie.
Quand j’étais bébé, j’étais sa poupée. La poupée qu’on habille et qu’on coiffe, de jolies robes et de l’eau oxygénée, parce qu’elle voulait une poupée blonde. Ca c’est elle qui me l’a dit, mais déjà elle ne se souvient pas me l’avoir dit. Elle me soutient que je suis blonde, alors que je ne le suis pas…
La réalité lui est étrangère.
La poupée blonde que j’étais a eu le droit aussi à des traitements beaucoup plus sombres. Elle me tripotait quand elle me changeait, elle me pénétrait de diverses façons. Elle se masturbait auprès de moi, et elle me masturbait aussi.
Ca ce n’est pas elle qui me l’a dit, il m’a fallu 15 ans de thérapie et mon propre enfant pour retrouver le chemin de l’inconcevable. Juste un bout de chemin, j’ai tellement peur de mes émotions. D’une certaine façon, je crois que je préfère encore ma peur face à la vie de tous les jours que d’affronter le chagrin tapi au fond de moi.
Le chagrin d’une enfant aimante dont le monde s’écroule définitivement.
J’ai detesté ma mère pendant 15 ans, sans savoir pourquoi. et aujourd’hui où je continue ma thérapie, je découvre ce qui est pour moi le comble: je l’aime!
Cela aussi est inconcevable. Car la femme que j’ai devant moi n’a rien d’aimable. Et pourtant, je viens de renouer, de ressentir vivant au plus profond de moi, l’intense vibration d’amour que j’ai pour ma mère. ce fut un instant. Mon coeur s’est refermé rapidement devant ce dilemne insoluble: que faire d’un sentiment qui ne peut être vécu? Comment aimer quelqu’un qui non seulement ne m’aime pas, mais qui en plus m’a fait ça? sans remord, sans conscience, sans souvenir?
Ma mère est un monstre froid et j’aime un monstre froid. C’est une constatation qui me désarme et me met en rage.
Je suis, je reste ce bébé avec son immense pouvoir d’amour, dans ce corps d’adulte qui fait ce qu’il peut.
Bonjour
oui, vous avez raison, on ne peut pas arrêter d’aimer quelqu’un, comme cela, d’un coup, surtout sa propre mère. J’ai été dans la même détresse, me demandant comment j’arriverais un jour, à combler ce vide, ce manque. Après avoir suivi une longue thérapie, et après avoir coupé le lien avec ma famille de sang, je suis passée, comme vous, par ces émotions empilées couche par couche par tant de manque, d’abus, la colère, la haine, la tristesse immense, la honte de cette petite fille qui demeurait encore cachée au fond de moi. Difficile oui, de les traverser, de les regarder en face, mais cette période donne l’espoir d’une libération prochaine, d’une transformation de nous même. Tout cet amour que vous avez en vous, offrez le, à ce que vous aimez et qui vous aiment, dans une association pour prendre soin des autres, être aidante, à l’écoute pour les plus fragiles d’entre nous, en prenant soin de vous, en faisant ce qui vous fait du bien. Vous êtes une belle personne et vous avez droit au bonheur.
Comment peut-on faire pour se remémorer des gestes que l’on pense avoir subi ??