Enfance maltraitée : les neurones n’oublient pas!
Des chercheurs ont identifié les traces laissées dans le cerveau par les épreuves de l’enfance. Et sont parvenus à neutraliser – pour l’instant chez l’animal – la fragilité psychique qu’elles entraînent à l’âge adulte.
Maltraitances, perte d’un parent, formes extrêmes d’adversité découlant de la pauvreté ou du racisme… Les enfants confrontés très tôt а des expériences douloureuses en gardent souvent une forme de fragilité : les recherches montrent notamment que ces épreuves rendent plus vulnérable а la dépression et aux troubles anxieux à l’âge adulte. Mais quelle est la nature de cette fragilité qui reste durablement inscrite dans le cerveau ? L’équipe de Catherine Jensen Peсa, à l’université de Princeton, vient de l’identifier, sous la forme de groupes de neurones qui deviennent hyperréactifs face aux nouveaux évènements difficiles…
Dans cette étude, des souriceaux étaient soumis à un stress chronique pendant une semaine – ils étaient séparés plusieurs heures par jour de leur mère et grandissaient dans un environnement appauvri –, avant d’être à nouveau brimés à l’âge adulte, confronté quotidiennement au harcèlement d’un autre rongeur agressif. Les chercheurs ont alors montré que certains groupes de neurones qui s’étaient activés lors du premier stress subi dans l’enfance, situés dans deux zones nommées « cortex préfrontal ventromédian » et « noyau accumbens », s’allumaient de nouveau avec une intensité particulière lors de cette dernière expérience pénible. Les rongeurs à l’enfance douloureuse se mettaient en outre à éviter leurs congénères, un comportement typique de la dépression.
Pour confirmer que ce sont bien ces groupes de neurones hyperréactifs qui entraînent la fragilité psychique, les chercheurs les ont inhibés grâce à des manipulations biochimiques. Les rongeurs ont alors mieux supporté les épreuves qui leur étaient infligées à l’âge adulte. Les techniques utilisées ne sont pas applicables à des patients humains – elles comportent des modifications génétiques –, mais ces résultats prouvent qu’il est possible de réparer les dysfonctionnements cérébraux déclenchés par un stress précoce, même des années plus tard. Reste à trouver comment le faire chez l’homme : les pistes envisagées incluent, par exemple, l’emploi d’électrodes implantées dans le cerveau ou le développement de nouveaux médicaments susceptibles de moduler l’activité des réseaux neuronaux identifiés.
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