Elle le prive de ses enfants pendant une année
Poitiers. Leur divorce est conflictuel. Une mère de famille refusait depuis un an à son ex-mari de voir leurs deux enfants. Elle a été condamnée.
Il aurait pu monter en haut d’une grue comme d’autres pères divorcés privés de leurs enfants pour alerter l’opinion. Il aurait peut-être dû. Luc a préféré la voie légale plutôt que la voie des airs.
Il a perdu un an. Un an sans voir son fils et sa fille âgés de 8 et 4 ans. Une année volée par son ex-femme qui n’a eu de cesse de refuser tout contact avec ses enfants. Malgré les décisions de justice. Malgré les plaintes qui s’accumulaient contre elle.
Hier, Virginie, une trentenaire soignée à l’expression distante comparaissait devant le tribunal correctionnel pour non-présentation d’enfant à une personne ayant le droit de le réclamer.
Le conflit est classique. Sa durée l’est moins. Tout comme l’acharnement de la mère qui a contrecarré tout ce qui l’obligeait à remettre sa fille et son fils à celui qui était son mari.
Depuis 2009, l’ancien couple se déchire au fil d’une procédure de divorce qui n’en finit plus.
La résidence des enfants, très jeunes, est alors fixée au domicile de leur mère. Mais Luc, pompier en Charente, peut les voir un week-end sur deux et les prendre pour la moitié des vacances scolaires.
Les choses se dégradent quand Virginie porte plainte contre lui pour agression sexuelle sur leur fille. Le père ne peut plus voir ses enfants seul. Le dossier est finalement classé. Luc finit par retrouver progressivement son droit de garde initial.
“ Comment chiffrer le préjudice de ne pas voir ses enfants ? ”
A l’été 2012, Virginie prétexte des violences qui auraient été exercées sur leur fils et une pression morale pour refuser à nouveau tout contact. Malgré les décisions du juge aux affaires familiales. Le juge des enfants est à son tour saisi. Une expertise psychiatrique du couple et des enfants est diligentée pour comprendre le blocage et ses répercussions.
La petite fille est en grande souffrance. Elle est prise en charge pour un syndrome dépressif. Sa mère est considérée par l’expert comme « surprotectrice » avec un « comportement d’emprise » et « une appropriation problématique », il décrit des enfants qui ne « s’autorisent pas de sentiments envers leur père pour ne pas contrarier leur mère ».
« En tant que mère, j’ai voulu protéger mes enfants. Je respectais sa parentalité, je l’informais de la scolarité et de la santé des enfants ! », se justifie la jeune femme face à un tribunal sidéré. « Et les décisions de la justice ? » enchaîne la présidente.
Virginie élude. Elle finit par admettre qu’il faut que la situation évolue. Pour le bien des enfants. « Il va reprendre ses droits. Je n’ai peut-être pas su faire la part des choses. Il faut que la situation s’apaise. »
Certes, mais le mal est fait. Et Me Géraldine Blisson, avocat de Luc, le plaide avec ses tripes. Une plaidoirie émotionnelle, chargée par quatre années de combat.
« Il aurait pu aller chercher ses enfants à l’école. Il en aurait eu le droit. Il ne l’a pas fait, pour leur bien. Il faut maintenant rétablir un lien de confiance. » L’avocate de Luc réclame 1 € de dommages et intérêt. « Comment chiffre le préjudice de ne pas avoir vu ses enfants pendant un an ? »
Le procureur menace Virginie des foudres de la justice si d’aventure elle recommençait. En attendant, elle retient sa culpabilité et prononce un ajournement du prononcé de la peine, le temps de vérifier que la situation est bel et bien apaisée.
Un choix judicieux pour Me Billy, défenseur de la jeune femme qui évoque « une fausse route », « un blocage », pour expliquer son comportement.
Virginie est reconnue coupable. Elle doit verser 1 € à son ex. Sa peine sera fixée au terme de l’ajournement, le 13 décembre prochain.
> lire l’article original : http://www.lanouvellerepublique.fr/Vienne/Actualite/Faits-divers-justice/n/Contenus/Articles/2013/06/29/Elle-le-prive-de-ses-enfants-pendant-une-annee-1529574