Elle envoie des “lettres d’amour” à un enfant
Elle envoie des “lettres d’amour” à un enfant: cessons de minimiser la pédophilie féminine
Oui, une femme peut convoiter sexuellement un enfant
Une femme, employée d’une école primaire a durant l’année scolaire écrit “23 lettres enflammées” à l’intention d’un des élèves, âgé de neuf ans. On apprend qu’elle voulait “fuguer et avoir quatre enfants avec lui”. Malgré la persévérance de cette chasse, la justice semble banaliser les faits : expertisée et reconnue responsable de ses actes, l’employée de l’école a fait l’objet d’un simple rappel à la loi.
Question de genre ? Est-il nécessaire de rappeler que ce même type de comportement de la part d’un homme à l’encontre d’une fillette aurait assurément déclenché une répression pénale plus forte ? Et au stade de l’enquête policière, l’expertise médico-légale du corps de l’enfant et l’expertise médico-psychologique auraient vraisemblablement été diligentées.
Que faut-il en penser ? Faut-il en déduire que les magistrats confrontés à de multiples affaires de violence sexuelle, inceste et pédocriminalité, commises en grande majorité par des hommes, ne peuvent admettre la parité dans les conduites pédophiliques ? C’est encore fort probable.
Même la question de la prévention spécifique des abus sexuels au sens large se dilue actuellement dans la notion générale de maltraitance. Même si le Conseil de l’Europe mène actuellement une campagne de prévention au sujet des abus sexuels commis à l’encontre des enfants dans leur cercle de confiance : la campagne UN sur CINQ, qui en a entendu parler en France ?
On nous présente une simple fantaisie amoureuse
Sous la pression épistolaire de cette femme pédophile – puisqu’attirée sexuellement par un enfant de neuf ans – l’élève de CM1 se serait rendu en vélo à un rendez-vous secret, derrière chez ses parents. Qu’en est-il de cette volonté pédophilique de l’isoler de sa famille ? Quels gestes a-t-elle eu sur lui ?
On apprend qu’il y aurait eu des “baisers échangés”, ces termes disqualifient l’intention de l’adulte prédateur et propose une fantaisie amoureuse à la place d’éventuelles agressions sexuelles, qui laisseront une trace à long terme dans le psychisme de l’enfant.
L’excitation sexuelle féminine qui sous-tend les lettres enflammées, conduit à organiser un rendez-vous qui isole l’enfant de ses protecteurs naturels, la famille, et produit un effet traumatique d’éveil précoce qui perturbe le développement du garçon. Depuis la découverte des lettres par le frère de la victime, les parents ont pris conscience des raisons du changement brutal de comportements et d’attitudes de leur fils. Ils ont alors déposé une plainte et, devant la réponse judiciaire, prévoient de déménager, apeurés, ahuris et impuissants devant l’impensable !
La pédophilie féminine, considérée comme un épiphénomène
Au fur et à mesure de la médiatisation des affaires d’inceste et de pédophilie, par exemple récemment au sein de l’Église Catholique, insidieusement, la plupart d’entre nous, a intégré la conviction que ces agressions étaient principalement masculines…
Il nous est encore difficile d’admettre qu’il est possible qu’une baby-sitter inflige des gestes abusifs à l’encontre de l’enfant qu’elle garde en visionnant de la pornographie. La pédophilie féminine est considérée comme un épiphénomène et son étude à longtemps été considérée comme non avenue, écrit une des expertes de la commission Viout [1] chargée de tirer les enseignements de la calamiteuse affaire dite d’Outreau.
Qui a retenu que des voisines et comparses de Myriam Badaoui ne sont jamais revenues sur leurs déclarations ? Il s’agissait bien de pédophilie, puisqu’elles n’avaient aucun lien de parenté avec les enfants violés.
De fait, pour identifier un abus sexuel d’un enfant perpétré par une femme, on doit, par avance, être capable d’admettre la possibilité de l’existence de ces agressions sexuelles.
Oui, une femme peut convoiter sexuellement un enfant
Une étude anglaise de 1984 estime que les femmes pédophiles sont responsables de 5 à 20% de la totalité des agressions sexuelles commises sur des enfants [2]. Il n’y a pas encore d’études fiables en France, à part celle menée auprès de quelques femmes incarcérées… [3]…
La parité dans la pédophilie ? Oui, une femme peut convoiter sexuellement un enfant pour son propre plaisir, mais les juges ont encore un peu de mal avec cette idée qu’une femme peut avoir des obsessions sexuelles, être addict à la pédopornographie, organiser la prédation d’un enfant par le biais de soins du corps comme dans le nursing pathologique [4].
Certains psychiatres même se moquent de cette idée d’une pédophilie chez les femmes : “Tant qu’il n’y aura pas de femme faisant la sortie des écoles à poil sous l’imperméable, il n’y aura pas de femme pédophile.”
Pourtant c’est un fait, elles existent et comme les hommes pédophiles inversent la responsabilité de leurs actes transgressifs sur l’enfant dont elles abusent. Pour elles, l’enfant est toujours responsable de ce qui arrive. Ici, le sentiment exalté de cette femme a joué comme un système auto-justificatif de son obsession, en la déculpabilisant.
Une femme est moins suspecte qu’un homme, pourtant…
Les enfants sont facilement accessibles pour les femmes, on se retourne moins sur celles qui embrassent à pleine bouche l’enfant à la sortie de l’école mais certaines le font avec une arrière-pensée trouble que l’enfant perçoit, qui le met mal à l’aise sans pouvoir mettre de mot sur ce qu’il ressent, il a honte à la place de son agresseure. C’est pourquoi il se tait et qu’il est de ce fait un piètre témoin des faits dont il est victime, c’est toute la difficulté du diagnostic qui requiert une formation spécialisée.
Il faut que les professionnels, police, justice, protection de l’enfance et soin soient capables de supporter l’idée d’une parité dans le domaine des agressions sexuelles pédophiliques ou incestueuses pour mieux protéger les enfants.
Nous en sommes encore loin.
J’espère que les maltraitances psychologiques et physiques subies par cet enfant de neuf ans seront prises en compte sur le plan judiciaire et que cette femme, sous-main de justice, aura l’obligation de se soigner afin de prévenir le risque non négligeable de récidive de ses comportements pédophiliques.
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[1] G. Cédile, “La pédophilie : les leçons du procès d’Outreau”, Paris Édition ESKA, 2005.
[2] Nisse M., Sabourin P., “Quand la famille marche sur la tête inceste, pédophilie et maltraitances”, Paris Seuil, 2004.
[3] Balier C., Ciavaldini A., “Agressions sexuelles, pathologies, suivis thérapeutiques et cadre juridique”, Paris Masson, 2000.
[4] Gruyer F., Nisse M., Sabourin P., “La violence impensable”, Paris Nathan, 1991.
> Lire l’article original : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1220586-elle-envoie-des-lettres-d-amour-a-un-enfant-cessons-de-minimiser-la-pedophilie-feminine.html
> En lire plus : http://www.sudouest.fr/2014/07/01/parents-sous-le-choc-1601608-2208.php