Comment ces stages se déroulent-ils ?
Ils durent une journée et demie et peuvent rassembler une douzaine de personnes. Pendant la première matinée, nous rappelons les textes de loi. Beaucoup ignorent que si, lors d’une dispute, ils bousculent leur femme et que celle-ci fait une chute mortelle, ils encourent vingt ans de réclusion criminelle pour homicide involontaire. Ensuite, nous leur demandons d’évoquer leur conception du couple. Ce n’est pas toujours facile pour eux de s’exprimer, principalement parce qu’ils n’ont jamais été entendus. On découvre que bien plus que l’alcool, par exemple, ce sont souvent les problèmes de communication dans le couple qui occasionnent la violence. Je me souviens d’un homme qui, une fois à la retraite après avoir occupé un poste à responsabilités, ne supportait pas d’être tout à coup dirigé par sa femme à la maison. Quand on ne parvient plus à discuter, on commence à insulter, et puis on passe un jour à l’acte.
Nous revenons d’ailleurs ensuite avec eux sur les différentes formes de violences (verbale, sexuelle, économique, spirituelle) et sur leurs représentations. Enfin, nous décryptons avec eux la spirale de la violence et ses conséquences, sur les enfants notamment.
L’après-midi, une psychologue et une médiatrice familiale leur donnent des outils pour réagir quand la colère monte. Enfin, la semaine suivante, un policier leur explique le circuit judiciaire. Nous les revoyons ensuite à la fin de cette dernière matinée pour faire un bilan et leur donner des adresses d’associations.
Pourquoi sont-ils un bon outil à vos yeux ?
C’est pédagogique. Même si on ne fait pas de miracles en un jour et demi, pour une bonne partie des participants, il y a un vrai cheminement. Ils prennent conscience de la gravité de leurs actes et de ce qu’ils risquent s’ils recommencent. La peur de la justice joue aussi… S’il y a récidive, la personne passe ensuite au tribunal correctionnel. Sur cinq ans, nous avons connu au total cinq cas de récidive. Le stage peut déclencher une démarche de soins ou au moins, un échange avec le conjoint. Les participants nous demandent parfois d’être mis en contact avec des psychologues pour des thérapies familiales ou de couple.
http://madame.lefigaro.fr/societe/stages-pour-conjoints-violents-030713-433706