Condamnée pour avoir empoisonné sa fille avec des anticancéreux
Les faits se sont produits entre le 3 août 2012 et le 11 avril 2013. Neuf mois au total, au cours desquels une Australienne a empoisonné sa fille de 4 ans à coups de médicaments anticancéreux, achetés au Canada via internet. Des agissements qui lui ont valu d’être placée en détention préventive depuis, avant que sa condamnation à six ans de prison ne soit prononcée mercredi par un tribunal de Brisbane.
Âgée aujourd’hui de 23 ans, la jeune femme qui prétendait que sa fille avait un besoin urgent degreffe de moelle osseuse, était allée à l’époque jusqu’à créer une page Facebook suivie par 8000 personnes, dont l’appel aux dons lui aurait rapporté 500 dollars selon le site du Courrier-Mail. «les symptômes du syndrome de Münchhausen par procuration»,Tous constate à première vue la psychiatre pour enfants Marie-France Le Heuzey. Même analyse du côté de l’avocate de cette Australienne – dont le nom n’a pas été révélé pour préserver l’identité de sa fille -, qui a aussi évoqué le symptôme pour défendre sa cliente, plaidant coupable lors de son jugement.
Différent de l’infanticide
«C’est une pathologie compliquée à définir» précise le Dr Le Heuzey. «On ne recherche pas la mort de son enfant lorsqu’on en est victime, c’est quelque chose qu’il faut distinguer del’infanticide. Le but est plutôt de rendre son enfant malade pour intéresser les médecins».
Pourtant, dans ce cas précis, l’enfant de 4 ans a frôlé la mort des suites de son intoxication au traitement chimiothérapeutique que lui administrait sa mère. Peut-être est-ce d’ailleurs ce qui a poussé le juge Tony Rafter à déclarer, toujours selon le quotidien régional, lors de l’énoncé du verdict: «Vous aviez bien conscience du mal que vous faisiez à votre fille.»
Mettre le corps médical en échec
Une notion de conscience qui rappelle au Dr Le Heuzey l’un des tous premiers cas de Münchhausen par procuration auquel elle a été confrontée. «À l’époque, c’est mon patron qui avait démasqué le syndrome dont souffrait une mère. Et lorsqu’il le lui avait dit, sa réponse avait été pour le moins claire: “vous êtes vraiment tous nuls, d’avoir mis aussi longtemps à trouver”».
L’un des buts des parents atteints semble donc être de mettre en échec le corps médical. «Ils ne font la plupart du temps pas de mal à leur enfant, mais ils poussent, parfois sans s’en rendre compte, les médecins à le faire, en créant des traitements inutiles et donc dangereux».
Quête de reconnaissance
Il existe un aute but recherché par les victimes de ce syndrome, nettement plus complexe et bien plus répandu et caractéristique à la fois: celui du sentiment «d’être».
Les parents atteints sont effectivement dans une sorte de quête perpétuelle de reconnaissance. «Ce qui plaît surtout à ces parents, c’est de voir les gens autour d’eux saluer leur dévouement et leur présence. La plupart du temps, ils ne se sentent exister qu’en étant le parent d’un enfant malade» déplore le Dr Le Heuzey. Et d’ajouter: «bien souvent ce sont des mères qui excluent totalement le père des relations avec l’enfant, qui sont touchées. Et bien souvent, ces mères ont justement une profession en lien avec la santé, ou le domaine de l’enfance».