Communication dans le couple: parler dénoue les impasses
La communication dans le couple peut parfois être tout un défi. Pourquoi attendons-nous parfois très tard pour communiquer une difficulté personnelle, une émotion pénible, un problème quel qu’il soit?
Beaucoup de facteurs permettent d’expliquer la situation décrite ici. D’abord, spécifions que tous, hommes et femmes, peuvent éprouver des difficultés à verbaliser sentiments et émotions, mais il faut reconnaître que beaucoup d’hommes sont particulièrement à risque. La culture et l’éducation sont en partie responsables de cette situation.
Il n’y a pas si longtemps, si on considère le contexte historique, les rôles sexuels étaient très définis. Les hommes et les femmes apprenaient très tôt à se comporter de telle ou telle manière en fonction de leur sexe respectif. Cet état de fait procurait un certain ordre dans la société, une sorte de sécurité aussi.
Mais, l’autre côté de la médaille, c’est que toutes ces différences accentuaient le fossé entre les hommes et les femmes. L’homme se devait d’être solide, rationnel et un bon pourvoyeur pour sa famille. On attendait davantage des femmes qu’elles soient fragiles, irrationnelles, intuitives et qu’elles jouent un rôle plus passif. Autrefois, tous s’entendaient et personne ne remettait en question cette constatation. D’ailleurs, les stéréotypes ne sont un obstacle à la communication que lorsque l’autre ne se conforme plus à nos attentes.
La société a changé, et le glissement vers l’androgynie (mélange chez une même personne de traits considérés comme traditionnellement masculins et féminins) n’est pas une réalité pour tous.
Communication dans le couple: quelques idées préconçues
Ceux qui ne communiquent pas pourraient-ils percevoir le geste de parler de son problème comme une faiblesse? Il y a en effet beaucoup d’idées préconçues en matière de communication. Par exemple, dans les relations amicales ou amoureuses, certains entretiennent la croyance que lorsqu’un conflit éclate entre deux personnes, cela signifie que leur relation est menacée. Plus souvent qu’autrement, c’est la fuite de ce conflit redouté, sa négation en quelque sorte qui, loin d’amener harmonie et paix, créera une distance dangereuse pour la relation.
Une autre croyance très répandue consiste à penser que les autres devraient comprendre. Si certains signaux peuvent paraître évidents pour la personne qui les envoie, ce n’est pas nécessairement le cas pour celle qui les reçoit. Au contraire, rien ne vaut un message clair et explicite.
Une des pires croyances est sans doute celle que le temps arrange les choses. Au mieux, le temps nous permet d’arranger les choses. Toutes ces croyances – et bien d’autres comme de penser que le fait de bien communiquer est génétique, que les autres ne cherchent qu’à nous piéger, que tout le monde doit nous aimer et nous approuver et que si l’autre ne comprend pas, c’est qu’il est de mauvaise foi – toutes ces croyances donc sont des obstacles majeurs à la communication.
S’il est parfois difficile de les faire disparaître, parce que ce sont des conditionnements, des automatismes bien ancrés, on peut développer des croyances plus aidantes, et surtout les mettre en pratique. Il est beaucoup plus aidant de croire que l’autre fait du mieux qu’il peut avec ce qu’il a. Une habileté précieuse, en matière de communication, est d’être capable de se mettre à la place de l’autre, d’être emphatique, l’un des 5 grands axes de l’intelligence émotionnelle.
Croire que communiquer avec l’autre comme il aime que l’on communique avec lui est plus efficace que de croire que l’on doit communiquer avec l’autre comme on aime que l’on communique avec soi. De la même façon, il est plus rentable, même si c’est difficile, de croire que l’on est responsable du résultat de sa communication. Les bons communicateurs croient aussi que pour obtenir ce que l’on veut, il est nécessaire de demander clairement et de vérifier si son message est compris comme on veut le transmettre.
Parler et les seuils du malaise
Mais pour parler, direz-vous, il faut ressentir le malaise. Si l’autre ne le perçoit pas, comment pourrait-il en parler? C’est très juste. Pour discuter de quelque chose, il faut d’abord en prendre conscience. Certaines personnes, hommes ou femmes, ont un seuil du malaise très élevé. À moins d’être au bord de la catastrophe, ils ont une extraordinaire capacité à tolérer l’inconfort. Si l’autre, au contraire, souffre du plus petit malaise, la communication est très difficile. Un rapprochement des seuils de sensibilité sera nécessaire.
Par exemple, prenons dans un couple la fréquence des rapports sexuels. Supposons une période plus tranquille pendant laquelle, pour telle ou telle raison, un des deux partenaires s’accommode fort bien de la situation, mais où l’autre vit des frustrations importantes. On imagine facilement tout ce qui peut arriver si l’on ne se parle pas: bouderies, allusions méchantes, silence de plus en plus lourd, voire infidélités. Se parler rapproche, même si c’est difficile et qu’on se sent maladroit. Et il appartient à la personne qui ressent le problème d’ouvrir le dialogue.
Encore faut-il choisir le moment, ne pas imposer sa demande, ne pas vouloir changer l’autre, ne pas lui vouloir à tout prix lui tirer les vers du nez ou répondre à sa place.
Que faire si l’autre ne veut pas parler?
Mais que faire si nous n’avons pas de collaboration? Ou encore si la personne qui a le problème n’accepte pas de se manifester? D’abord, pour répondre à la première question, disons qu’il convient davantage de se révéler soi-même que d’analyser l’autre ou d’essayer de faire de la psychologie de salon, c’est-à-dire d’interpréter à notre façon son attitude.
Si l’autre personne ne répond pas, elle a tout de même entendu. Ne répétez pas tout le temps le même sermon. Lorsqu’elle s’exprime, il faut écouter, sans interrompre. On peut aussi communiquer, et très bien même, sans être du même avis.
Il n’est pas nécessaire non plus de se convaincre mutuellement. Bien sûr, évitons de juger et respectons les silences. Nous ne possédons pas tous les mêmes habiletés, nous l’avons vu, et pour plusieurs raisons. La plus grande force ici est la patience.
Pour celui ou celle qui, manifestement, a un problème et n’en parle pas, il est plus difficile d’aider. Si l’on a à cœur la relation et le bien-être de l’autre, on peut lui faire remarquer les signes non verbaux de son malaise: visage préoccupé, problèmes digestifs, insomnies, absence de plaisir, stress, nervosité, irritabilité. Avec respect, bien sûr, et une invitation à partager et parfois à consulter.
Communiquer c’est parler, bien sûr, mais c’est surtout écouter . C’est aussi développer sa capacité à utiliser un langage clair et précis. Développer également, s’il y a lieu, sa capacité à donner une critique de façon constructive et celle d’en recevoir une sans se sentir menacé .
Les problèmes et les difficultés doivent être traités et réglés. Si la capacité à lâcher prise est une grande force pour lutter contre le stress, poussée à bout, elle peut aussi nuire. Il n’y a rien à gagner à ignorer un problème. De la même manière, si le fait d’être capable de compartimenter de façon étanche le travail, la famille et le couple a certains avantages, cela peut aussi miner notre santé psychologique.